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Revue sociale, ou Solution pacifique du problème du prolétariat. Boussac :  P. Leroux, 1845-1850. ISSN 2021-1066.

N°14:Novembre1846 :

. Lettre sur le fouriérisme (6)

. Simple réflexion d'un industriel LP de Liège

. Lettre à M. le ministre de l'Intérieur

. De l'antagonisme Aloysius Hubert

. Poésie Jules Alllard / Lucien de la Hodde

. Le peuple - Journal

N°14:Novembre1846 :

. Lettre sur le fouriérisme (6)

" L'OTAITISME TRANSCENDENTAL." .

A des amis, à Limoges.

 Dans l'introduction aux grands principes {1), le Sage qui préside à la réception demande au Prosélyte : 

 '"Promettez-vous de reconnaître l' INFAILLIBILITÉ DES SENS LE PROSÉLYTE ? Je le promets.

LE SAGE. " Promettez-vous de suivre fidèlement la voix de la NATURE et »des PASSIONS ?

LE PROSÉLYTE : Je le promets.

LE SAGE :  Voilà ce qui s'appelle un homme...

Certes, ce trait est d'un comique excellent.  Voilà ce qui s' appelle un homme . Appeler homme par excellence celui qui renonce au sentiment et à la raison, celui qui mériterait qu'on l'appelât le contraire d'un homme ! Car la nature humaine étant sensation- sentiment-connaissance indivisiblement unis, promettre de reconnaître l'infaillibilité des sens, de suivre uniquement la voix de la nature et des passions, c'est abolir deux des trois termes de l'indivisible trinité qui constitue notre nature, et c'est par conséquent renoncer autant que possible à la qualité d'homme. (... ) 

Puis Leroux explique la mélecture de Saint Simon par Fourier qui éradique l'idée même de Perfectibilité pour croire à la fondarion in situ d'un " paradis absolu " : Fourier avait lu dans le discours que Saint-Simon prête à la Divinité instituant la religion de Newton : «J'avais défendu à Adam de faire la distinction du bien et du mal, il m'a désobéi; je l'ai chassé du paradis , mais j'ai laissé à sa postérité un moyen d'apaiser ma colère; qu'elle travaille à SE PERFECTIONNER DANS LA CONNAISSANCE DU BlEN ET DU MAL, et j'améliorerai son sort : UN JOUR VIENDRA QUE JE FERAI DE LA TERRE UN PARADIS ! . Au lieu de comprendre dans leur sens légitime ces mots : Qu'elles' a pplique à se perfectionner dans la connaissance du bien et du mal, Fourier s'imagina que le paradis futur promis sur la terre était l'état préconisé par Diderot, l'Otaïtisme, le même état après la connaissance qu'avant la connaissance. " ( ...) 

" Fourier  toujours en conséquence de l'amalgame fait par lui des idées de Saint-Simon et de celles de Diderot, rêvait d' un Otaïtisme futur, infiniment supérieur à la réalité d'Otaïti, pauvre réalité et qui n'était qu'un germe. Et. par une conséquence naturelle, il s'expliquait ce germe avorté d'Otaïti par une sorte d'Otaïtisme primitif et antérieur naturel à l'espèce humaine .mais qui n'avait pu se développer, et n'avait produit que des essais inféconds. " (...) 

" Toutefois je vous ferai remarquer la valeur des cinq circonstances qui contribuèrent selon Fourier à l'organisation des sectes primitives : 

. La première est l'absence de préjugés, et par conséquent la liberté amoureuse. Vous devez comprendre jusqu'où cette absence de préjugés sera portée en huitième période.

. La seconde est la rareté numérique des habitants. Vous verrez en effet que le système de Fourier a pour but, en huitième période, la diminution et la fixation à un nombre invariable de la population, afin d'entretenir la surabondance des vivres,» qui, comme il le dit ici, est nécessaire au mécanisme des Sectes.

 .La troisième est la lacune, dans le monde primitif, des signes représentatifs de la richesse, d'où Fourier conclut que l'abondance des richesses , combinée avec la difficulté de capitaliser, suggérait l'idée des compensations anticipées qui favorisaient la formation des Sectes.:  Vous verrez ce que Fourier entend par ces compensations, et comment ces compensations se rapportent encore à qu'il appelle liberté amoureuse.

Puis Leroux cite très longuement Fourier jusque en les vues du devenir de la Franc-Maçonnerie de l'époque ! ! ! S'ensuit une conclusion brusque de Leroux expliquant qu'il n'est pas très long d'avoir compris, cerné et analysé Fourrier dans toutes ses erreurs profondes, mais qu'il est TRES DIFFICILE d'en faire l'exposé suites aux longueurs mêmes et déraisons imaginatives de Fourrier : car Leroux désirait analyser entièrement et dégordianiser entièrement Fourier : Or Leroux s'en tient à une analyse situant son dégout et sa répulsion profonde de Fourier à travers les odes à l'INEGALITE, la soumission aux Pouvoirs, les amalgames et syncrétismes récurrents et répétitifs, les grossièretés et licences obscènes sans déontologie, sciences, éthique.

Il n'est pas faux de voir au PIRE en ce Fourier le déclin d'une soit disant approche de la République et du Socialisme en ce que les facistes de la république de Salo ont cru pouvoir pratiquer de gestaporno et autres inégalités sociales dans des délires capitalistes : au mieux, l'héritage de Diderot et jusque Sade, laisse entrevoir un Fourier très commerçant dans des séries entravés et esclaves à la Marivaux des plus petits calculs, c'est à dire sans projet Sociétal réel : illuminé de sexeries résolvant par miracle l'ordre bourgeois en laissant au peuple religion, Fourier triant en supérieurs et inférieurs ! ! !  est Cousiniste et syncrétique depuis un Sensualisme exacerbé et les restes d'un ultra-conformisme se donnant du bordel au casino dans l'imaginaire borné et défaillant d'un commerçant HAISSANT la Philosophie, les Lumières, le Réel du Socialisme de Saint Simon, les Sciences et l'Autre en Soi car imbu d'un orgeuil absolu et d'un penchant au tyrannisme à peine dissimulé. Quand pour ne pas conclure, comment comprendre les références à la Franc-Maçonnerie dans l'écartement de toute Perfectibilité ? 

" Arrêtons-nous ici. J'ai trop présumé de mon courage et de votre patience, mes amis, lorsqu'au début de cette lettre je me suis engagé à vous proposer tout d'une haleine l'Otaïtisme transcendantal. Nous ne sommes encore qu'aux prolégomènes, et quelle carrière nous avons parcourue! Les disciples de fourier disent ordinairement que trois années d'études ne sont pas de trop pour comprendre les écrits '"de leur maître. Je trouve, moi, qu'il faut infiniment moins de temps pour comprendre Fourier; il ne faut guère que le quart d'heure nécessaire pour lire l'opuscule de Saint Simon,  les Lettres de Genève, où il a pris ses bonnes inspirations ,joint au quart d'heure que demande la lecture du Supplément au Voyage de Bougainville, où il a pris ses mauvaises. Une demi-heure, avec l'habitude des matières philosophiques et quelques réflexions, suffit pour savoir son Fourier.

Mais l'exposer, c'est autre chose ! Il faut du temps pour cela, beaucoup de temps; car il faut citer. Si vous ne citez pas, personne ne voudra vous croire : on ne soupçonne pas facilement une pareille doctrine. Je mesure votre fatigue à la mienne. Les longs extraits qu'il m'a fallu taire ont pris toute la place dont je pouvais disposer; et bien qu'il vous répugne sans cloute, comme à moi, de revenir en-core sur la morale de Fourier, je me vois forcé de vous laisser en septieme période, et de réserver pour une autre lettre le Paradis de Fourier. Je termine brusquement par quelques réflexions, que vous auriez faites sans moi, sur le dernier morceau que j'ai mis sous vos yeux. Quelle haine pour le Christianisme, pour la Philosophie, pour la Révolution, et pour tout ce qui a contribué à amener cette Révolution! Mais quelle perversité dans les projets que Fourier aurait voulu voir suivis, par les philosophes, et qui sont apparemment ceux qu'il prétend suivre! Il s'agissait, suivant lui, d'amener le corps social au libre exercice de l' amout et pour cela il fallait créer une secte amie de la volupté; il fallait se rallier franchement à ce qu'il appelle la nature, aux passions voluptueuses; inaugurer un culte de l'amour, culte dont les philosophes se seraient établis prêtres et pontifes: la société maçonnique leur en offrait les moyens. Il fallait introduire dans la Maçonnerie les femmes et la volupté, en faire la religion dominante des gens riches dans tous les empires civilisés; et le Christianisme, qui convient mieux au peuple à cause de son austérité, se serait confié insensiblement chez le peuple, comme en Chine le culte de Fô, qui n'est que pour les classes inférieures. Quel mépris que celui de Fourier pour ces classes inférieures, et quelle plate inclination à servir les passions des classes supérieures, lesquelles, dit-il, se trouvent esclaves du peuple dans le sens religieux." ( ...) 

Et cette conclusion, sous forme brutale: « Je le répète, il y avait un grand coup à faire en matière de religion.» Et tant d'autres traits semblables ! Comme tout cela est faux et absurde ! comme tout cela sent mauvais, s'il est permis de parler ainsi comme le mal se montre à découvert par la forme et par le fond ! La sottise le dispute à la méchanceté dans ces élucubrations, où il semble que l'on voie Abrimane grimacer une religion pour tromper plus sûrement Oromaze. / PL.

 

. Simple réflexion d'un industriel LP de Liège

" Souvent , après le travail, je me prends à réfléchir sur les choses d'à présent. Je songe à la condition de l'homme en ce monde, a ce  qu'elle est, à ce qu'elle devrait être. Parfois alors, Je tombe involontairement dans des accès de tristesse profonde et de mélancolique contemplation. C'est qu'en effet, pour peu qu'on ait au coeur de charité chrétienne et qu'on soit éclairé par quelques reflets d l'Idéal , il est impossible de ne pas se sentir douloureusement affecté par le spectacle du monde actuel. Mais, vous le savez, mesamis, je suis inaccessible au découragement; j'ai, dans le salut et dans l'avenir de l'Humanité, la foi la plus entière et la plus vive. " ( ...) 

" Non, mes amis, je vous le dis sans hésiter, je n'ai pas foi dans la liberté commerciale comme moyen de répondre aux grandes questions qui tourmentent aujourd'hui l'Humanité. La liberté commerciale ne touche effectivement en rien au fond de notre triste état social. La liberté commerciale, laquelle est pourtant en un sens dans la voie du progrès, ne remédiera pas au paupérisme; elle laisse absolument sans solution, sans même chercher, sans même songer peut-être, à la poser, cette question terrible et suprême du prolétariat. Elle consacre et maintient le règne du capital, la concurrence sans règle et sans peine, c'est-à-dire l'état de guerre sociale sous les dehors apparents de la paix politique, c'est-à-dire encore une chose immorale et mauvaise, et précisément opposée à l'esprit et l'essence meme du Christianisme, puisqu'elle nous oblige à désirer et a chercher le mal de notre prochain en vue de notre intérêt personnel. La liberté. commerciale enfin, quoi qu'elle puisse avoir d'ailleurs de progressif et de véritablement humanitaire la liberté commerciale n'est suivant moi que le dernier mot, la consé­cration, la période d'expansion dernière d'un système qu'on peut regarder à bon droit comme condamné déjà par la philosophie et la religion, celui de Malthus et des économistes. Or, vous le savez l'économisme va directement à l'encontre des idées chrétiennes; il tend à établir de plus en plus l'inégalité sur la terre, et l'exploitation du faible par le fort: par le fait, il divise en deux l'Humanité, ceux qui ont et ceux qui n'ont pas, se préoccupant exclusivement des uns, tandis qu'il abandonne impitoyablement les autres à la misère, à la dépravation, à la destruction. C'est l'antipode du sentiment chrétien de la fraternité, et la négation aveugle, brutale, absolue de toute idée d'unité et de solidarité humaine. Voilà sommairement pourquoi, au point de vue de nos idées, je n'ai aucunement foi dans la liberté commerciale, non plus que dans l'économie politique, dont elle n' est que le couronnement, pour régénérer et sauver le monde; ce n'est, en effet, assurément pas elle qui réalisera jamais dans la société les idées et les promesses du Christianisme."

" Mais vous me direz que je raisonne surtout ici dans l'hypothèse de la constitution économique actuelle, et non pas dans celle de la liberté absolue. Faisons donc un pas de plus : étant donné l'état d'anarchie industrielle et commerciale d'à présent, demandons-nous quel serait l'effet de la liberté absolue arrivant par là-dessus. Evidemment, c'est que la guerre, au lieu d'être intestine et nationale, deviendrait générale; ce serait un déchaînement universel, une inimaginable mêlée, quelque chose enfin que j'appellerais volontiers le jugement dernier de l'Economie politique. A la vérité, ces effets décentralisation, de fusionnement, et de monopole, dont je parlais tantôt, seraient plus difficiles et plus lents à se réaliser; mais en revanche, la concurrence aurait préalablement étendu d'autant le cercle de ses ravages. Et qu'on ne prétende pas que l'universalité du marché rendrait cette centralisation impossible; car si la distance est là pour empêcher les hommes de se rapprocher et de s'entendre, cette raison existe de même, et bien plus fortement, pour empêcher  les produits de se rencontrer et d'entrer en guerre. Ainsi, grâce à l'incontestable supériorité des moyens actuels de communication et : de transmission de la pensée humaine sur ceux dont on pourra jamais disposer pour déplacer des marchandises, cette centralisation, c'est-à-dire le monopole, sera toujours réalisable dans des limites même plus larges que celles où les produits auront jamais lieu de se rencontrer. ~ Et puis·, mes amis, quelle inconcevable folie que d'aller s'imaginer que les effets mauvais et désastreux d'un système faux et vicieux dans son principe et dans sa base puissent jamais être corriges par l'exagération indéfinie, extrême, de ce système lui-même ! C'est pourtant ce que font les partisans du libre échange, quand, pour remède aux maux croissants qu'engendre incessamment la concurrence, ils viennent, sérieusement et de bonne foi, nous proposer la liberté illimitée du commerce."

Pour en finir sur ce point, il me reste ·à prévenir une observation qu'on me ferait certainement :  c'est qu'on ne veut arriver que successivement à la réalisation complète de la liberté commerciale. Je suis vraiment charmé de ce tempérament. Vous l'entendez, vous tous qui avez prospéré ou simplement vécu, sinon vivoté, sous la foi des tarifs; on a la touchante attention de vous assurer qu'on n'entend vous exécuter que doucement et peu à peu, qu'on veut vous faire mourir seulement à petit feu. Mais cet attermoiement, messieurs du libre échange, cette dégradation, bien qu'elle soit dans . la théorie d'un assez agréable effet, n'a malheureusement aucune espèce de valeur pratique. Pour qu'elle en eût, il faudrait que, tandis que les industries en retard s'évertueraient à reprendre le pas, la concurrence étrangère restât complaisamment à les attendre. C'est ce que vous n'espérez pas sans doute; ou plutôt c'est à quoi, dans le feu de 'votre enthousiasme et l'abandon de votre confiance, vous n'avez probablement pas pensé. Or, si dans ce steeple chase industriel, l'un se montre aussi ardent à maintenir son rang que l'antre pourra l'être à chercher à le conquérir, et vous m'accorderez que cette supposition est au moins vraisemblable, quel sera, dites-moi, pour le fabricant du pays, le résultat utile de votre échelle décroissante? quel sera le fruit de ses efforts? Evidemment il est possible qu'il gagne du terrain sur son concurrent; mais il l'est également qu'il soif distancé de plus en plus. Vous le voyez, vous avez beau vous retourner et vous débattre; toujours et partout vous retrouvez, au fond de tous ces arguments et de tous ces systèmes, comme un reptile vénimeux et rongeur, la concurrence, l'infernale concurrence, qui vous retient, qui vous enlace, et qui vous étouffera, vous dévorera, votre tour venu, si, brisant votre idole, vous ne cherchez ailleurs, et dans une toute autre direction, la voie du salut du monde industriel."

(...) " Ils ont bien raison, ces braves économistes; un pays qui n'excelle en rien, ne se distingue en rien dans la grande et suprême affaire de la production, n'a raisonnablement aucune espèce de droit à l'existence : il doit périr. A moins. pourtant que la nature ('non pas, Dieu merci, celle de Malthus) comme une bonne mère qu'elle est, ne lui ait assez largement dé: parti ses dons pour qu'il lui soit-donné de subsister, en dépit de vos absurdes théories et de vos impitoyables prescriptions."

. Lettre à M. le ministre de l'Intérieur

M0NSIEUR LE MINISTRE,

 »Vous avez autorisé une association ayant pour but de gagner l'opinion publique et le gouvernement à l'idée de la suppression des douanes. - » Une autre association, constituée pour démontrer, contrairement à la première, là nécessité de maintenir le système prohibitif, vient aussi de recevoir de vous, M. le Ministre, l'autorisation de défendre sa thèse devant le public. . . »Tout le monde applaudit à ces deux mesures. Rien de plus louable, assurément, que d'ouvrir ainsi le champ de la discussion aux idées qui. tendent à se faire jour au sein de. la société. C'est, pour un gouvernement qui a souci du bien-être général, le meilleur moyen de connaître et la nature des besoins sociaux et la mesure même dans laquelle ils doivent être satisfaits; c'est, en un mot, de cette seule manière que peuvent être résolues pacifiquement les graves problèmes économiques qui préoccupent si fort aujourd'hui les esprits sérieux. Si telle est l'heureuse et féconde voie dans laquelle veut entrer le gouvernement, il faut reconnaître que les deux associations constituées ne suffisent pas, à beaucoup près, à la révélation des besoins sociaux; car chacune d'elles étant née sous l'inspiration d'une cer·taine classe de producteurs et commerçants, le débat entre elles n'est guère plus, au fond, qu'une lutte entre deux intérêts spéciaux: l'un niant, de parti pris, ce qu'affirme l'autre, et réciproquement. .II ne peut donc sortir de là une suffisante lumière pour l'opinion publique, ni même pour le gouvernement. · »Toutefois, ces deux intérêts spéciaux cherchant à élargir leur base, chacun de son côté prétend que sa cause est la cause même du peuple. Mais cela prouve seulement que l'intérèt populaire est gravement en jeu dans les questions soulevées par les deux ligues contraires. Or cet intérêt, ,le plus considérable de tous, n'étant réellement representé  dans l' une et dans l'autre association, et la genera~ des ouvriers ne pouvant d'ailleurs adhérer absolument aux vues  libres échangistes, encore moins. à celles des protectionnistes, il suit de la rigoureusement que c'est justice et nécessité d accorder à la classe des salariés, la liberté de se taire représenter par une association distincte, afin que le gouvernement et l'opinion publique soient la parfaitement éclairés sur les besoins, les idées et les espérances de population ouvrière. En conséquence, les soussignés appartenant tous à la classe des salariés, vous prient , monsieur le ministre, de vouloir bien autoriser l'association qu'ils ont fondée sous le titre cle : Société pour la défense des intérêts ouvriers dans la question de la liberté commerciale, s'engageant personnellement à maintenir la discussion dans les limites voulues par la loi. •Agréez, Monsieur le Ministre ,

Les soussignés : A. CORBON, sculpteur sur bois, président; PH. BERARD, Tailleur, vice-président; C. GAUMONT, horloger-mécanicien, secrétaire; A. VIEZ, compositeur-typographe,_ secretaire~ , · le 16 octobre 1846.•

. De l'antagonisme Aloysius Hubert

Au surplus, nous le demandons à qui veut réfléchir: une législation qui, méconnaissant ainsi la destinée naturelle de la société• n'organise que le désordre, ne favorise que l'oppression, ne tolère que la souffrance, n'est-elle pas radicalement vicieuse, profondément méprisable, et ne provoque-t- elle pas une réforme aussi radicale, aussi profonde? Sans doute si l'homme n'était pas naturellement sociable, s'il n'avait que des instincts personnels, un système d'individualisme · comme celui de nos jours serait très naturel ·et parfaitement légitime; mais telle n'étant pas la condition de l'homme, tel n'est pas non plus le devoir du gouvernement social. Qu'on le sache bien, le système de législation digne de la nature humaine, c'est celui qui, pour organiser la sociabilité, fait converger toutes les forces individuelles vers un but collectif, qui est le bonheur général. - Le bonheur de tous, voilà le seul moyen de réaliser le bonheur de chacun. · C'est impossible, disent les uns; c'est entraver la liberté individuelle, ajoutent les autres! Et par quelle raison? leur demandons- nous. Craignez-vous q'être moins heureux, moins libres, vos semblables étant libres, étant heureux avec vous? Quoi! vous ne mangeriez plus à satiété, parce que le pain de chaque frère serait le pain de tous les frères? Mais dites-nous donc si vous souffrez de respirer le même air que le notre, et si la clarté pour vous est moindre. parce que le soleil qui vous éclaire est aussi notre soleil ? Du reste, on commence à comprendre la valeur de toutes ces objections banales, fondées sur une prétendue impossibilité de réforme. Qui ne sait aujourd'hui que le seul obstacle à l'amélioration morale intellectuelle et physique de l'Humanité consiste dans la résistance des gouvernants ou dans leur manque de bienveillance pour les gouvernés. Vienne un temps où la volonté intelligente des masses brise cet obstacle, et l'on verra si la terre n'est pas digne de porter des hommes libres, et si en ce . monde l'organisation du bien et de l'ordre, que réclament tous les vœux, n'est pas aussi possible que l'organisation du désordre et du mal, si contraire à la nature humaine.

. Poésie Jules Alllard / Lucien de la Hodde

Ou l'auteur envoie à La Rvue Scoiale un poème  " ironique" , lui qui fut toujours entre maitres et ouvriers , ou il se moque, en décrivant la dureté de la co,ndition ouvrière bien trop réelle et souffrante, du penchant philantropique de l'étude des ouvriers par les patrons qui leur decernent " estime" et " médaille" sans jamais avoir pu s'affranchir du réel de l'augmentation de salaires et de conditions, sous les prétextes fallacieux de supériorité, de morale et , in fine, de maintien des soit disants inférieurs dans leurs politiques égoistes et impuissantes à l'organisation SOCIALISTE du travail. 

( ...) final :

Ouvrier! aux accents d'ennivrantes musiques;

Sous les regards flatteurs de nos femmes publiques

De nos enfants parés, beaux anges frais et blonds.

Nous t'offrirons, héros d'une touchante scène

Nos médailles d'honneur, nos couronnes de chêne,

Et l'estime de tes patrons.

. Le peuple - Journal

Les principes sont l'égalité, la liberté, la fraternité. En plaçant dans cet ordre les trois termes de la formule qui résume les droits et les devoirs de l'Humanité, les rédacteurs du Peuple montrent assez qu'ils appartiennent à l'école de l'Egalité, à cette école qui- sans subordonner l'un des termes de la formule aux autres, considère pourtant !'Egalité comme devant être nommée .d'abord, par opposition aux tendances qui la sacrifient trop souvent soit à ta liberté, soit à la fraternité mal comprise.

Le but est un gouvernement de droit commun fondé sur la souveraineté du peuple.

Les moyens sont la réforme et l'association, et, pour arriver à la réforme et à l'association les enquêtes qui en démontrent la nécessité et l'urgence. 

Ces principes, ce but, ces moyens, se retrouveront empreints, sous. toutes sortes de formes, dans les différentes parties du, journal.

La littérature ne sera pas un hors-d œuvre ou une inconséquence; elle marchera d'accord avec la philosophie politique. ( ...) 

Littératture. - Beaux·Arts.  En même temps qu'il a besoin de connaître ses droits et les moyens de les obtenir, le peuple a besoin de former et de satisfaire son esprit; une lecture réunissant la sagesse des enseignements et les beautés du langage lui est nécessaire, et il la trouvera dans les colonnes de notre feuilleton, confié à des plumes éminentes et patriotiques. Les arts seront poussés par nous dans la voie de grandeur qui est leur essence, et qui en fait un ressort national. Ainsi du théâtre, cette école vivante, si misérable de nos jours, et qui pourrait être si féconde. Sans prendre parti en aveugles pour au- cune école, nous soutiendrons résolument, tant dans les lettres que dans les arts, le vrai, le bon et le grand, contre le faux, le dangereux et le commun.

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