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Revue sociale, ou Solution pacifique du problème du prolétariat. Boussac :  P. Leroux, 1845-1850. ISSN 2021-1066.

 Quelle est la singularité et le contenu de la Revue Sociale, publiée à Boussac par Pierre Leroux entre 1845 et 1850 ? 

. Quel fût son rôle et son importance dans le mouvement Socialiste de l'époque ? 

 

. Quels sont ses liens avec nous en 2021 ? 

. Peut-on parler d'une recherche d'Ethique de la Science Economique ? 

. En quoi la Doctrine Socialiste de Pierre Leroux inaugure l'Eco-socialisme actuel ? 

Les recherches doctorales seront orientées vers un descriptif, une analyse, qui prendront en compte l'anti-criminalité et le champ de reconstructions des savoirs de l'époque.

Laurent Beaufils-Seyam , écrit à Boussac le 11 août 2021 à 5 heures.

N°19 :Avril 1847 :

. Lettre sur le fouriérisme (8)

N°19 :Avril 1847 :

. Lettre sur le fouriérisme (8)

"J'ai à me reprocher une légère erreur dans mes lettres précédentes. Fourier, dont l'imagination est fleurie comme celle d'un poète oriental, donne aux époques successives que crée son génie des épithètes suaves er en rapport avec l'idée qu'il s'en fait. Le bonheur étant, suivant lui, adéquat à l'abolition de toutes relations constantes entre les sexes, commence à se montrer aussitôt que le mariage est complètement détruit. Il appelle donc aube du bonheur sa septième société ou Sectes ébauchées, par la raison qu'il n'y a déjà plus là véritablement de mariage; mais, distinguant entre l'aube et l'aurore, il réserve le nom splendide d'aurore du bonheur· pour sa huitième époque, celle des Sectes en plein exercice: c'est l'ordre social auquel le globe doit passer par la fondation d'un canton ou règnerait la loi d'attraction; c'est le Phalanstère, en un mot. Hé bien, j'ai commis la faute de confondre l'aurore avec l'aube, et de ne faire du tout qu'un seul nom que j'ai appliqué aux Sectes ébauchées. Je me rétracte, et, laissant derrière moi l'issue de civilisation appelée garantisme, où le mariage existe encore comme tolérance, et cette autre transition appelée menage progressif, où chaque femme peut avoir à la fois un époux, un géniteur , un favori, plus de simples possesseurs, j'arrive enfin à l'aurore du bonheur. ~ Quel bonheur, .grand Dieu!, Il y a un, vers de Dante où la justesse de l'idée fait pardonner l emploi d un mot cynique. Florence, souillée de tous les vices, dégoûtante de luxure, se confesse ainsi par la bouche du poète : " Non sono la donna d'Italia, ma il bordello." (...) 

" Les payens prétendaient que les premiers chrétiens se réunissaient dans des conciliabules où, après avoir éteint les lumières, ils se livraient à d'affreuses pratiques. Fourier, éteignant la lumière de la r:iison dans l'homme, n'est-il pas naturel que des hommes qu'il suppose d'ailleurs obéir en aveugles à leurs passions se livrent à la bacchanale et à l'orgie ! " (...) 

" Mais comment choisir entre tant de tableaux où les mêmes hallucinations se reproduisent sous les mêmes traits? il faudrait citer la moitié des écrits de Fourier, pour montrer jusqu'à quel point cette sorte de folie furieuse est empreinte dans son œuvre. Si vous vous bornez à quelque extraits, la déraison de ses disciples, sinon leur mauvaise foi, vous accusera de calomnier le génie; on dira que vous avez choisi à dessein ce qui est échappé à la naïveté d'un sage. Il est temps cependant que cet excès d'hypocrisie ait des bornes. Fourier légitime tous les vices et prétend les mettre tous en honneur. Il a érigé les sept péchés capitaux en autant de vertus capitales; et réciproquement il flétrit comme un défaut et raille comme une imbécilité tout ce que l'Humanité a honoré comme des vertus. Je m'efforcerai de faire converger à une conclusion certaine les citations que je croirai à la fois suffisantes et nécessaires. J'ai dit, en commençant ces Lettres.(1), que le but final du système de Fourier en prouvait l'absurdité et l'immoralité, puisque le but final n'est autre que la solution du problème de la population et de la subsistance par LA STÉRILITÉ DES DEUX TIERS DES FEMMES EN HUITIEME PÉRIODE. J'ajoute aujourd'hui : ET PAR L'ÉTABLISSEMENT DANS LES DEUX SEXES DES COUTUMES DE SODOME ET DE GOMORRHE. Il paraît que les disciples de Fourier ont osé m'accuser de mensonge. Je n'ai pas lu ce qu'ils ont écrit, et ne le lirai pas. Mais vous allez, mes amis, voir ce que dit leur maître , et vous pourrez juger de leur bonne foi." (...) 

" L'Attraction, pour Fourier, c'était  le sensualisme et il se trouvait que le sensualisme porté à ses dernières limites,  fixait des bornes certaines a la population! Quelle découverte !  quel honneur pour celui qui oserait exposer tout haut cette vérité, et faire ainsi par sa hardiesse la félicité du genre humain ! ».  Fourier se crut naïvement révélateur; ou, pour mieux dire, il se crut le premier et l'unique révélateur. On sent partout dans sa  Théorie des quatre mouvements, dans ce prospectus de la découverte, comme il nomme cet écrit, la confiance aveugle que lui donnait la certitude d'avoir résolu le problème posé par Stewart, Herrenschwand, Malthus. Aussi, faisant allusion aux débats de l'école de Malthus et de ceux qui combattaient cette école, se met-il, dès cet ouvrage, bien au-dessus des économistes, qui, dit-il, « loin d'avoir rien découvert, ne savent pas encore de quoi ils traitent; car sur les questions les plus importantes, comme sur les limites à assigner à la population , ils avouent que leur science n'a pas de principes fixes (1). Lui, il s'applaudissait de pouvoir, au moyen de principes fixes, résoudre le redoutable problème qui faisait l'embarras de l'économie politique. Ecoutez-le dévoiler en partie sa solution dans ce qu'il appelle LA POLlTIQUE de La gastronomie combinée:

(...) Citation de Fourier résumée ainsi : 

J'interromps la citation de ce morceau, pour la reprendre tout à-l'heure. Arrêlons-nous on moment à considérer ce début: il faut avouer que l'ideal de Fourier y est aussi bien empreint et aussi nettement caractérisé que sa politique. Son idéal, en effet, n'est pas difficile à saisir; c'est l'idéal de bien des gens. L'amour est une variante de la gastronomie, la gastronomie une variante de l'amour. « La comparaison, dit-il, sera la même sur tous Les genres de jouissance, notamment sur les principales, comme l'amour et la table. Bientôt les fredaines amoureuses d'un Richelieu et d'une Ninon semberont mesquines, pintoyables, au prix des aventures galantes que " l'Ordre Combiné " assurera aux moins favorisés des hommes ou des femmes. Il en sera de même de la chère des Apicius modernes, etc. Quant à sa politique, elle est également claire, bien que non encore développée dans ce passage. Les publicistes et les économistes avaient posé le problème de la population : Fourier annonce qu'il en a trouvé la solution par des voies particulières à lui: "Pour apprécier les ressources que l'Ordre combiné offrira à la gourmandise, il faut savoir qu' " IL N'EST POINT POPULEUX COMME LA CIVlLISATION. » Nous verrons plus loin toutes les ressources inventées par Fourier pour faire en sorte que l'Ordre combiné ne soit pas populeux. Pour le moment, constatons que, dès le commencement de ses travaux, Fourier connaissait parfaitement le but final de son système, et que s'il a tant préconisé ce qu'il appelle les bacchanales joyeuses, c'est qu'il y voyait un moyen de faire que le monde ne fût pas trop populeux. Son système, en effet, a deux faces:  extension de ce qu'il appelle la volupté, afin de restreindre la population; et diminution ou arrêt de la population, afin qu'on puisse se livrer sans mesure à la volupté.  La Théorie, dit-il, indique 800 nou 810 habitants par Phalange, et l'arrondissemen~ moyen des cantons est indiqué à 3 ,456 toises de diamètre. Ce terrain surpassera la lieue carrée dans le rapport de 8 7 à 63. L'ORDRE COMBINE COMPORTERA DONC A PEINE SIX CENTS HABITANTS PAR LIEUE CARRÉE.  A ce compte, la population de la France serait réduite à une quinzaine de millions. Mais voyez avec quelle précision Fourier s'exprime: « La Théorie, dit-il, indique 800 ou. 810 habitants par Phalange.  Fourier ne saurait admettre d'incertitude que pour une dizaine d'êtres humains de plus ou de moins par Phalange; et, sur ce pied, il réduit la population à six cents habitants par lieue carrée. Telle est la limite ; c'est la Théorie qui le dit, et la Théorie, c'est la loi de Dieu même découverte par Fourier.  Et n'allez pas croire que si Fourier réduit ainsi la population a six cents habitants par lieue carrée, c'est qu'il pense à deverser l'excédant de population d'un pays dans un autre, et que, voyant la terre aussi peu peuplée qu'elle l'est aujourd'hui, il commence à donner à l'Humanité actuelle plus de place, pour lui permettre de mieux suivre sa loi naturelle de croissance et de développement, n'imaginez pas, en un mot, que Fourier consente à respecter comme divine, ou seulement comme vraie, la loi offerte par Dieu même dans la Genèse: Si vous entendiez ainsi Fourier et sa Théorie, vous n'atteindriez en aucune façon à la profondeur de ladite Théorie. Il faut convenir que beaucoup de ceux qui admirent Fourier sur parole, ou mêmes se disent partisans de sa doctrine, reculeraient d'effroi s'ils comprenaient ce qu'ils adorent. Non , il ne s'agit pas pour Fourier de récrier une meilleure répartition des êtres humains à la surface de la Terre :  il s'agit d' ARRETER LA POPULATION."

Citation de Fourier : L'équilibre de population. (Extrait du Nouveau Monde industriel et sociétaire.)

« Parmi les inconséquences et les étourderies de la politique moderne, il n'en est pas de plus choquante que l'oubli de statuer sur l' équilibre de population, sur la proportion du nombre de consommateurs avec les forces productives. En vain découvrirait-on des moyens d'atteindre au quadruple et même au centuple produit, si le genre humain était condamné à pulluler comme aujourd'hui, amonceler une masse de peuple triple et quadruple du nombre auquel on doit se fixa pour maintenir l'aisance graduée parmi les diverses classes. De tout temps l'équilibre de population a été l'écueil ou l'un des écueils de la politique civilisée. Déjà les anciens, qui avaient alentour d'eux tant de régions incultes à coloniser, ne voyaient d'autre remède à l'exubérance de population que de tolérer l'exposition, le meurtre des enfants; égorger Je superflu d'esclaves , comme le faisaient les vertueux Spartiates ; ou les faire périr dans les naumachies pour l'amusement des citoyens de Rome fiers du beau nom d'hommes libres, mais fort éloignés du rôle d'hommes justes. Plus récemment on a vu les politiques modernes avouer leur déconvenue sur le problème de l'équilibre de population. J'ai cité Stewart, Wallace et Malthus, seuls écrivains dignes d'attention sur ce sujet, parce qu'ils confessent l'impéritie de la science. Leurs sages opinions sur le cercle vicieux de la population sont étouffées par les jongleurs économistes, qui écartent ce problème comme tant d'autres. Stewart, plus loyal, l'a fort bien traité dans son hypothèse d'une île qui, bien cultivée , pourrait nourrir dans l'aisance mille habitants inégaux en fortune; mais, dit-il, si cette population s'élève à trois et quatre mille, .à dix et vingt mille, comment la nourrir? On répond qu'il faudra coloniser , envoyer des essaims. C'est escobarder sur la question ; car si le globe entier était peuplé, porté au complet, où pourrait-on envoyer des essaims coloniaux? Les sophistes répondent que le globe n'est pas peuplé et ne le sera pas de sitôt: c'est un des subterfuges de la secte Owen, qui , promettant le bonheur, élude le problème d'équilibre de population, et dit qu'il faudrait au moins trois cents ans avant d'atteindre au plein; elle se trompe, il ne faudrait que cent cinquante ans. Quoi qu'il en soit, c'est lâcher pied ·sur un problème que d'en renvoyer la solution à trois cents ans, et sans garantir qu'elle serait donnée à cette époque. D'ailleurs, faudrait-il trois cents ans pour porter le globe au complet, ce serait toujours une théorie très défectueuse que celle d'un bonheur ou prétendu bonheur qui, au bout de trois cents ans, s'évanouirait par une faute de la politique sociale, par l'exubérance de population. Or, comme il est certain que ce fléau ne tarderait pas trois cents ans, et qu'il surviendrait au bout de cent cinquante ans, dans le cas de paix universelle et abondance générale que donnera l'état sociétaire, IL FAUT QUE LA THÉORIE DE CE NOUVEL 0RDRE FOURNISSE DES MOYENS TRÈS EFFIICACES DE PRÉVENIR I'EXCÈS DE POPULATION, réduire le nombre des habitants du globe à la juste proportion des moyens et des besoins; à à la quantité de cinq milliards environ, sans risque de voir la population s'élever à 6, 7, 8, 10, 12 milliards, exubérance qui serait inévitable dans le cas où le globe entier organiserait le régime civilisé. En tablant sur cinq milliards d'habitants riches et heureux, je suppose une restauration de température qui dégagerait le pôle arctique de ses glaces; à défaut, le globe ne pourrait pas nourrir dans l'opulence plus de trois milliards d'habitants ( 1 ). »

LEROUX : Vous voyez combien la pensée de Malthus a poussé celle de Fourier. Malthus et son école posent, au nom de la nécessité, d'un équilibre de population, la loi funeste que vous connaissez, la loi du mauvais ordre social actuel : " Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, si les riches n'ont pas besoin de son travail, est réellement de trop sur la terre. ! Au grand banquet de la nature, »il n'y a point de couvert mis pour lui. La nature lui commande de s'en aller, et  elle ne tardera pas à mettre elle-même cet ordre "à exécution. » Et Fourier , lui , convenant avec Malthus de la nécessité d'arrêter la population, et ne connaissant pas plus que Malthus la loi naturelle, vraie, divine, qui règle la multiplication de l'espèce humaine dans l'ordre du bien, se perdant, comme Malthus, dans l'ordre du mal, mais par une autre route, Fourier, dis-je, arrive .il l'équilibre de population par .... Vous allez voir, dans le courant de cet article, comment il y arrive. (...) Vous allez voir combien, tout en se livrant à son imagination, il est impuissant à découvrir ce que nous avons découvert depuis lui et sans lui, ce que nous avons exposé depuis plusieurs: années à nos amis, ce que nous avons commencé et ce qu'avec l'aide de Dieu nous achèverons de faire connaître dans cette Revue, d'ici à peu de temps (1), savoir une base certaine à la subsistance et, par !a subsistance, la liberté humaine, de nature à prêter au normal développement de notre espèce, sans avoir besoin  des atrocités qu'entraîne la loi de Malthus, ni des atrocités d'un autre genre qu'entraîne la prétendue solution de Fourier." (...) 

Citation de Fourier : " "Vu la faiblesse corporelle des Civilisés, on pourra en laisser jusqu'à 8 et 900 par lieue, mais provisoirement, et sauf à les réduire successivement à 600, à mesure que le globe se défrichera et que la race humaine prendra de la vigueur. »Il faudra donc désobstruer les régions civilisées qui sont encombrées de populace, et qui ont généralement plus de 800 habitants par lieue carrée, y compris ceux des villes. Les versements ne se feront pas sur les lieux circonvoisins, comme de la France sur l'Espagne, mais sur divers points de tous les pays incultes. On commencera à les couper en échiquier, par des cordons de Phalanges qui traverseront l'Afrique, !'Amérique et l'Australie, afin d'éclairer les pays et d'adjoindre les hordes indigènes. » Certaines contrées européennes, comme le Wurtemberg, évacueront plus de 3000 habitants par lieue carrée. Ce sera un grand bénéfice pour leur souverain, qui aura action coloniale ou propriété d'un douzième sur les pays incultes qu'auront défrichés ses émigrants. »S'il fallait conserver des amas de populace dont certaines campagnes sont couvertes, il serait impossible d'organiser l'Ordre combiné, qui dispose chaque canton comme une résidence royale, ayant des chasses, des pêches, des hautes futaies, champs de manœuvre, doubles routes sur tous les points, l'une pour l'été, ombragée et bordée de fleurs. Il faut surtout que chaque canton d'immenses pâturages, pour les nombreux troupeaux qu'on élèvera dans cet Ordre. ,, Heureusement que la terre est vaste, eu égard à sa faible population; nous ne sommes encore qu'au tiers du nombre convenable pour porter le globe au petit complet de 2 milliards; ou pourra donc s'étendre à souhait et 'vivre au large. C'est pour nous ménager ce bien-être que Dieu nous avait restreints à un si petit nombre, et entassés comme des captifs sur quelques terrains que nous nous disputons, tandis que la très majeure portion du globe reste inculte. à cause du risque de perdre des colonies. " ( ... ) 

LEROUX : Que diriez-vous d un homme qui annoncerait qu'il apporte à la France le quadruple produit, et dont tout le secret consisterait à détruire les trois quarts de la population ? L'invention de Fourier .est pourtant de cette nature. Il est bien certain que si la population de la France était réduite comme il le veut, à quinze millions, au Iieu de trente-cinq, et que le sol fût convenablement cultivé, ce qui est aisé. avec le genre d'agriculture préconisé par Fourier, ces quinze millions auraient, à eux seuls, ce qui sert aujourd'hui à nourrir les trente cinq millions; ils pourraient avoir " des chasses, des pêches, des hautes futaies, etc.» .Les troupeaux répandus sur d'immenses pâturages leur fourniraient une subsistance abondante et facile. Qui ne sait que l'agriculture anglaise, à mesure qu'elle se perfectionne, a de moins en moins besoin de bras? La seule question c'est de réduire à quinze millions, et d'une manière fixe,  la population de la France. Fourier n'a pas plus apporté le triple ou le quadruple produit que ne le ferait celui qui proposerait de tuer tout ce qui excèderait le nombre fixe de quinze millions, et son secret à lui, comme nous le verrons tout à l'heure, c'est aussi de tuer. Mais achevons de montrer jusqu'à quel point il est impuissant, quand il s'agit de l'amélioration matérielle du globe ; voici la suite de ce passage : ( citation de Fourier )  :

Leroux : On peut lire et relire tous les écrits de Fourier, on n'y trouve pas une seule idée sur l'agriculture, ni un mot raisonnable sur l'augmentation de la richesse. II a beau intituler son système association agricole, il n 'est nullement question dans ses livres d' art nouveau de faire rapporter à la terre plus qu'elle ne rapporte et c'est, je le répète, un pur charlatanisme chez lui et dans son école que de parler à tout propos de triple et de quadruple produit quand ni lui ni son école n'ont rien imaginé de sérieux pour augmenter la production naturelle, et quand tout leur artifice consiste à décimer l'espèce humaine, pour donner l'opulence à ce qu'ils veulent bien conserver de cette espèce.  Quand, à une époque peu reculée, on considèrera sérieusement les opinions émises de notre temps et les diverses philosophies que se partagent aujourd'hui les esprits, on verra que Fourier n'est autre qu'un disciple déguisé de Mallhus sur cette question capitale de la population et de la subsistance. Il avait lu, comme nous venons d'en avoir la preuve par les citations qu'il en fait, Herrenschwand Stewart et Malthus; il avait adopté leur principe ; il considérait, avec eux, la population comme le plus redoutable des fléaux. II ne différait d'eux que dans l'art d'arrêter la population. Se croyant sûr, quant à lui, de ce qu'on appelle I'équilibre de population, il ne s'est jamais enquis sérieusement du problème agricole, c'est-à· dire d'un art véritablle d'accroitre les moyens de subsister du genre humain. Il parlera bien du groupe des œitletistes, ou du groupe des poires fondantes, et de cent autres groupes aussi bizarrement et on peut dire aussi absurdement imaginés par lui; mais ce n'est pas là de l'agriculture, et surtout ce n'est pas une vue nouvelle sur l'augmentation du produit. Son idéal en agriculture était réellement le même que celui de l'école de Malthus, l'agriculture anglaise, les prairies artificielles el les grands parcs."

(..) 

" Il marchait en aveugle, lui qui prenait tout le genre humain pour un troupeau d'aveugles; mais comm nt aurait-il pu s'en apercevoir? Ne résolvait-il pas, par ce qu'il croyait la volupté, le problème que Malthus et son école ne résolvent que pour la misère du plus grand nombre! C'est cette idée qui lui donnait du courage à persister dans sa voie, c'est cette idée qui lui a fourni l'audace de violer ouvertement la pudeur de tout le genre humain. C'est en considération de celle idée que la postérité pourra lui pardonner ses erreurs;. elle le mettra arec Malthus , au même rang, comme ayant posé le problème de la population et de la subsistance, sans pouvoir le résoudre: car ce n'est' pas le résoudre que de le résoudre comme Malthus, par la fatalité du capital ; et ce n'est pas le résoudre non plus, que de le résoudre comme fourier; par la stérilité des deux tiers des· femmes au moyen des mœurs phanérogames." (...) ( ...) ( ... ) 

Les déviations de tout genre devenues une voie de Liens ajoutée à vingt autres, et une voie qui tient un rang très éminent dans le mécanisme passionnel! ... Un Lien corporatif gradue orgasme pour l'emploi et le développement de ces déviations !. .. L'étude des vilains goûts de toute espèce confiée aux Sibyls de gastrosophes et aux Fées d'amour, afin que ces Sibyls et ces Fées en fassent une amorce et un moyen d'attraction aux grandes armées !.. . En vérité, il n'y avait jusqu'à Fourier, qu'un homme qui eut eu le germe de pareilles idées! La fin du dernier siècle a vu avec autant d' étonnement que d'horreur cet homme connu par un livre, abominable, et qui mourut fou à Charenton ( Sade ) : Mais comment la Théorie de Fourier pourrait-elle · repousser une dépravation quelconque ? Si Messaline est en honneur, comment Pasiphaé serait-elle rejetée ?  Si les amours saphiques sont, non pas seulement tolérés mais célébrés, considérés comme un accord sublime , placés dans la gamme d'amour parmi les hauts accords, au-dessus des accords cardinaux et à une distance infinie des. bas accords, pourquoi et a quel titre toute autre deviation des liens de la nature serait-elle réprouvée? Aussi Fourier ne réprouve aucune déviation, aucun goût dépravé; et, dans sa prétendue science , qui n'est qu'une science maudite, un fantôme de l'erreur se présentant sous le costume de la science, l'UNITÉISME comprend l'accord générique extramode comme tous les autres accords. Voyez-en la preuve dans le tableau de sa gamme quee j'ai cité ci-dessus. « Les accords uomnimodcs, dit-il à la fin de ce tableau, sont pirntaux; celui ,,d'uniuJisme est hyper-pivotal. » Et l'uniléisme ne vient qu'après l' extragamie; il embrasse toutes les déviations possibles. " ( ...) 

" Quel que soit notre dégoût, il nous faut pourtant encore exposer l'organisation que Fourier déduit de ses principes pour ~e genre humain infome que son imagination en délire a rêvé. Avec une goutte d'eau souvent fétide, on peut faire bien des bulles que les rayons du soleil ne dédaignent pas de peindre des couleurs du prisme; Fourier, accomplissant I'œuvre dernière du matérialisme, a souillé une nombre infini de bulles avec l'amas de matière croupissante qu'il avait prise pour l'océan de la vie. Son système ressemble, par l'entortillement des parties, à ces chapelets d'œufs de crapauds qu'on trouve en élé dans les marais fangeux. Puisque le destin, com~e Fourier aime à dire , nous a condamné à dévoiler ce que ses dis· ciples dissimulent, nous aurons le courage de remplir notre tâche jusqu'au bout.

Pour résumer sans résumer, Leroux semble critiquer Fourier depuis l'eugénisme anti-social copié à Malthus jusque par le capitalisme, la colonisation raciale, en " phalanstère" sans AUCUNE ETHIQUE DE LA SEXUALITE : là, où, de Sodome à Gomhore et jusque en délires dépassant le concubinage libre et les libertinages, Leroux assimile à la série de Sade, un Fourier qui accepte toutes les déviances et qui en ceci, appelle la gestaporno nazie, " salo ou les 120 journées de Sodome" de Pasolini, quand Sade, Pasolini ont oeuvré en Libertins sociaux et républicains contre les déviances de la criminalité sexuelle, en fait, revendiqué par Fourier en l'eugénisme ( voire fausses partouzes lerm capitalo racistes )  : d'où le DEGOUT de PIERRE LEROUX et , par défaut, son Ethique de la Sexualité anti-criminogène, socialiste.

 

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