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Revue sociale, ou Solution pacifique du problème du prolétariat. Boussac :  P. Leroux, 1845-1850. ISSN 2021-1066.

N°12 :Septembre 1846 :

. Lettre sur le fouriérisme (4) : le plagiat de fourier : par Pierre Leroux

. Les Paysans (2) par Mme *** ( Pauline Roland )

. Souvenirs d'Algérie (1) par PH F

. Statue St Geoffroy St Hilaire

. Réalité et Poésie : Alphonse Esquiros

. Nécrologie : Jules Bouline

N°12 :Septembre 1846 :

. Lettre sur le fouriérisme (4) : le plagiat de fourier : par Pierre Leroux

" Je m'étais toujours douté que tout ce qui a un air de génie dans les livres de lFourier ne lui appartient pas, mais appartient au génie véritable qui a nom Saint-Simon. Il y a quelques années, rendant compte dans la Revue Indépendante de l'édition des Oeuvres de Saint-Simon publiée en 1832 par M. Rodrigues, je fus tenté de rechercher si Fourier n'avait pas eu connaissance des Lettres de Genève, et si la fausse interprétation des idées de Saiut-Simon sur l'attraction n'avait pas été la source de son système. Mais je me contentai alors de distinguer la route suivie par Saint-Simon de celle que Fourier a suivie, et de constater l'antériorité de Saint-Simon, quant à l'idée mère, c'est-à-dire quant à l'idée de généraliser la loi de Newton, en concevant un nouvel ordre social fondé str l'attraction, qui deviendrait ainsi loi morale" et par conséquent loi universelle ( 1 ). Véritablement, à cette époque, je repoussais, comme une mauvaise pensée,' le soupçon que j'avais conçu. Est-il croyable, me disais-je, qu'un un esprit qui a trouvé de si chauds admirateurs ait pu s attribuer indument l'idee mère d'une découverte regardée par lui comme si précieuse, au point de ne jamais nommer que pour l'accabler d'outrages celui qui lui aurait ouvert la carrière ! 

C'est en lisant dernièrement la Théorie des quatre mouvements, que je me suis aperçu et convaincu du plagiat.   Dès la seconde page du Discours préliminaire, je tombai sur une idée de Saint-Simon; je lus : "Sous le nom de philosophes, je ne comprends que les auteurs· de sciences incertaines, les politiques, moralistes, économistes, et autres dont les théories ne sont pas compatibles avec l'expérience, et n'ont pour règle que la fant:iisie des auteurs. On "se rappellera donc, lorsque je nommerai les philosophes, que je n'entends parler que de ceux de la classe incertaine, et non pas des auteurs de sciences fixes ( 1 ). »

 . Je fus, je l'avoue, fort étonné en lisant cela. Voilà qui est étrange ! me dis-je, Fourier a deviné la célèbre distinction des deux phases successives de toute science. "

Ici Leroux pointe entre Hume et l'expérience ce qui déjà se définit avant Khun, de l'évolution des sciences entre sciences incertaines et sciences fixes.

" Après Locke, quand on eut substitué l'hypothèse du sensualisme à l'hypothèse de la raison pure cartésienne, on conçut un mépris profond pour la métaphysique et pour tout ce qui en dépendait de près ou de loin, et on en vint à ne plus vouloir reconnaître d'autre critérium de certitude que celui des sciences physiques, l'observation, l'expérience. " 

" Il est inutile sans doute que je répète ici ce que j'ai déjà cité. Vous ayez présents à l'esprit les Fragments de Saint-Simon sur sa vie et sur l'histoire de sa pensée. Je me borne à résumer ses conclusions sur la philosophic dé l'histoire des sciences. Il prétendit donc que l'esprit humain suivait, dans tous les genres de découvertes,  un certain ordre régulier, donnant d'abord à l'imagination ce qu'il n'accoirde ensuite qu'à la raison :  que toute science passait par conséquent par deux états successifs, l'état de science incertaine, quand la fantaisie se mêle à l'observation, et l'état de science positive ou fixe, quand on ne prend plus que l'expérience pour guide.  (...) 

Saint-Simon exposait cette théorie en 1802 dans ses Lettres de Genève, et voilà Fourier qui, dans sa Théorie des quatre mouvements publie seulement en 1808, reproduit la même théorie ! "

Non , me dis-je, en y réfléchissant, il est impossible que cet homme qui a tant de jactance ait trouvé la distinction des sciences à l' état theologique, comme dit M. Auguste Comte, et des mêmes sciences arrivées à l'état de sciences positives. On ne trouve pas de ces idées là quand on ignore les premiers éléments de la question de la certitude; et quand on trouve de ces idées-là, on les démontre; quand on ne les démontre pas, c'est qu'on les a trouvées démontrées par d'autres. Notez, en effet, qu'il ne s'agit pas, pour employer le langage de Fourier, d'une broutille. Je vous ai déjà dît qu'un disciple de Saint-Simon, et l'un des plus profonds géomètres de notre époque, M. Auguste Comte, a jugé l'idée de telle valeur, qu'il a employé une bonne partie de sa vie à l'exposer, à la démontrer à posteriori par l'histoire des sciences, et à en faire la base de ce qu'il appelle la philosophie positive."

Leroux démontre le plagiat sur la loi de l'attractio universelle depuis Newton étendue à la morale par Saint Simon..... et  que Fourrier a copié sans jamais cité Saint Simon....

" Je commence par une qui en vaut cent C'est le titre -même que Fourier donne à son système : comment l'appelle-t-il, ce système. dans tout le cours de ce premier ouvrage ? Il l'appelle l'ORDRE COMBINÉ. Or comment. Saint-Simon appelle-t.-il l'ordre nouveau qu'il conçoit cet ordre où tout égoïsme individuel marchera d'accord avec les autres égoïsmes individuels, pour l'intérêt général ou collectif de l'Humanité ?

Il l'appelle l'ORDRE COMBINÉ. Les plagiaires laissent toujours des traces de leur déloyauté...."

" Alors vient le saut de chaos en harmonie. Or comment Fourier appelle-t-il l'harmonie, qui suit la période de garantisme? Il l'appelle COMBINAlSON. Vient ensuite le développement de cet ordre combiné : c'est la COMBInaison ASCEnDANTE; puis son déclin ou Combinaison DESCENDANTE ; et le tableau se termine par la caducité, ou incohérence descendante. Véritablement ce tableau, qui passe, aux yeux des disciples de Fourier, pour une sorte d'œuvre de magie, n'a rien de bien merveilleux: II n'est que la mise en œuvre arbitraire de l'idée de Saint Simon sur la combinaison des égoïsmes au moyen de l'attraction. " ( ...) 

" Au moment même où il devrait sentir qu'il ne pense que par l'initiation qu'il a reçue de Saint-Simon, an moment où il prend chez lui le nom même qu'il donne à son système, il dit et répète en vingt  endroits de son livre que personne ne l'a initié, qu'il ne doit rien à personne, qu'il n'a pas d'ancètres dans l'Humanité, et que son œuvre est sortie de son cerveau, comme Minerve de la tête de Jupiter... ! ! ! ! ! ! ! " ( ...) 

Mais cette admiration ne connaît réellement plus de bornes, quand ils entendent leur maître, combinant les idées dérobées par lui à  Saint-Simon avec les rêveries que ces idées avaient fait naitre dans son cerveau , étaler ses prétendues découvertes et sou risible orgueil, annoncer sérieusement qu'il apporte plus de sciences nouvelles,  qu'on ne trouva de mines d'or en découvrant l'Amérique, et que toutes les sciences incertaines vont, grâce à lui, devernr certaines et fixes : «Déjà j'ai consolé les savants d'unz telle disgrâce (3), et il leur apprenant qu'une moisson de gloire et de richesses leur est "préparée à tous. J'apporte plus de sciences nouvelleslles qu'on ne trouva de mines d'or en découvrant l'Amérique. Mais n'ayant pas "les lumières nécessaires pour développer ces sciences, je ne prendrai pour moi qu'une seule, celle du mouvement social ..(...) 

Le point de dêpart de Fourier et ce que lui-mème appelle sa methode, c'est la prétention de penser au rebours de tout le monde, contradictoirement à la tradition du genre humain, a l'encontre de tous les philosophes et de tous les moralistes en un mot, ce qu'il nomme l'écart absolu. Hé bien, cette pretendue méthode, Fourier l'a prise dans Saint-Simon. Cette' prétendue méthude n'est pas  autre chose que l'exagération de la théorie de Saint-Simon sur la transformation des sciences morales ne sciences physiques physiques, sous le nom de sciences fixes ou positives. .Saint Simon avait dit : le vrai savant en morale, c'est le physiologiste : il faut que les physiologistes en leur société chassent les philosophes et les moralistes et les métaphysiciens comme les astronomes ont chassé les astrologues, comm les chimistes ont chassé les alchimistes : 

Cette idée manque déjà de vérité car le critérium n'est pas le même pour les sciences morales que pour les sciences physiques.

Saint-Simon, en faisant une complète assimilation, au lieu d'un simple rapprochement, entre ces sciences; et en donnant toute prééminence au critérium des sciences physiques, était donc déjà en plein dans la voie de l'erreur. Mais Fourier a fait plus encore: il a dérobé celte idée à Saint-Simon, sans en vérifier l'exactitude; il l'a embrassée avec une foi aveugle, sans y mettre Îles restrictions que Saint-Simon y apporte, sans mesure et sans born.es, en véritable insensé, et il en a conclu qu'il fallait penser au rebours de tout le monde, fouler aux pieds la tradition, mépriser l'autorité du genre humain sur tous les objets de la vie de relation, se moquer de tous les philosophes et de tous les moralistes, depuis Aristote jusqu'à Fénelon, en passant par le Christianisme et la Révolution Française, qu'il traite à l'unisson et qu'il détestait de tout son cœur; et, cette erreur portant ses fruits, il est devenu le Fourier que vous savez, le Fourier qui annonce sans façon La de bâcle de toutes les bibliothèques politiques et morales renversées par ses conceptions, le Fourier qui célèbre l'apparition prochaine de 37 millions  de poètes égaux à Homère, de trente-sept millions de geomètres égaux à Newton, de trente-sept millions de comédiens egaux à Molière, et ainsi de tous les talents imaginables, et le Fourier aussi qui prophétise la prochaine venue de la couronne boréale, de cinq ou six lunes nouvelles, de la mer de limonade, et d'une multitude d'animaux contremoulés. C'est pourtant ce Fourier-là, ce Fourier rendu déraisonnable par l'absence de toute méthode, que ses disciples présentent comme un profond philosophe, qui a suivi l'exemple de Descartes, en se créant une méthode, à l'aide de laquelle il est arrivé ensuite à toutes ses découvertes. Ces disciples, je ne saurais assez le dire, sont infiniment trop candides. Fourier était beaucoup plus fort en plagiat qu'en méthode philosophique. ( ...) 

C'est-à-dire qu'il retourne les termes des propositions àe SaintSimon, et qu'ayant adopté l'idée de Saint-Simoo, qu'il faut ramener les sciences incertaines à une science positive, l'attraction, il prétend qu'il a commencé dans son esprit par se bien convaincre de l'incertitude des sciences métaphysiques, du néant de la philosophie politique et morale, et que cette seule résolution prise par lui de penser à l'écart et contradictoirement à tous les moralistes et à tous les philosophes l'a mené à découuir l'attraction. Mais il faut l'entendre ourdir lui-même ce mensonge et trancher du Descartes : "Depuis l'impéritie dont les philosophes avaient fait preuve dans leur coup d'essai, dans la Révolution française, chacun s'accordait à regarder leur science comme un égarement de l'esprit humain;  les torrents de lumière politique et morale ne semblaient plus que des torrents d'illusions. Eh! peut-on voir autre chose dans les écrits de ces savants, qui, après avoir employé vingt-cinq siècles à perfectionner leurs théories, après avoir rassemblé toutes les  lumières anciennes et modernes, engendrent pour leur début autant de calamités qu'ils ont promis de bienfaits, et font décliner la société civilisée vers l'état barbare ? " Voilà, pour commencer ( écrit Leroux ) , la Révolution Française bien jugée! Voilà le Dix-Huitième Siècle bien apprécié! La liberté, l'égalité, la fraternité, ne sont qu'égarement de l'esprit humain! Les lumières de l'Humanité depuis l'origine des siècles, rassemblées dans l'Évangile, et manifestées par la Révolution Française. ne sont, suivant Fourier, que des torrents d'illusions ! (...) 

Remarque : " Fourrier à l'anti-Descartes et anti-Lumières annonce avec les allemands jusque Heidegger , ce que sous le nom de "  socialisme " emprunté à Saint Simon acoquiné avec Hegel au nationalisme, les délires eugénistes déjà de Fourier donneront à voir avec les nazis et jusque aux anti-Lumières néo-malthusianistes d'aujourd'hui avec les Transhumanistes. " D'où la mise en garde profonde du DANGER que représente Fourier aux yeux de Pierre Leroux déjà l'époque.

Au surplus, il est inutile d'msister sur ce point. Je vous l'ai déjà dit, la haine de Fourier pour la Révolution se montre dans tous ces écrits; il jugea cettè Révolution au point de vue des marchands de denrées coloniales, et, quoi qu'en puisse penser son biographe, le souvenir de ses baltes de coton employées au service de l'insurrection lyonnaise, qui n'avait pas pu les  lui payer, paraît avoir sur ce point altéré sa raison

Lui qni a écrit que Néron était une des plus riches et des plus belles natures que l'espèce humaine ait produites, il ne parle jamais de Robespierre sans l'appeler: Ce tigre! Quel contraste entre Fourier et Saint-Simon relativement à leur appréciation de la Révolution française ! Saint-Simon avait prévu cette Révolution, et lui-même nous apprend combien ce grand évènement Ie remua profondément. (...) 

 Plein de sa conception, il évite dès-lors de prendre part au mouvement purement desctructif de la Révolu tion; il dirige tous ses efforts vers la production de cette doctrine qui doit rasseoir la société sur de nouveaux fondements. Voilà l'homme fort ; mais Fourier qui déblatère contre la Révolution à la façon d'un épicier mécontent, et qui, lorsqu'il a connu l'écrit de Saint-Simon, passe de l'insensibilité la plus complète sous le rapport de l'idée au renversement absolu de toute la tradition du genre humain, n'est réellement qu'un esprit faible. ( ...) 

"J'adoptai donc pour règle dans mes recherches le doute ABSOLU, et l'ECART ABSOLU : il faut définir ces deux procédes, " puisque personne avant moi n'en avait fait usage." ! ! !  La vanité insensée de Fourier et sa cupidité de tout s'attribuer a lui seul ne se trahissent-elles pas dans cette phrase ? Le voilà qui pour ne pas rendre honneur à son initiateur Saint-Simon. contre-fait Descartes en s'attribuant une méthode, et le voilà au même instant qui s'attribuerait volontiers la méthode même de Descartes ! " ( ... ) 

Descartes marque une phase de l'histoire de la philosophie. Il vient à la suite de Luther, et il précède l'époque du scepticisme, qu'il amène. Imbu de l'esprit géométrique, il chercha la certitude dans la méthode des géomètres, non pas précisément dans le doute, comme l'imagine grossièrement :Fourier, mais dans la méthode des géomètres, qui, appliquant leur esprit à de pures notions conçues par abstraction, se dirigent presque uniquement à la lumière de ce principe supérieur et impersonnel que l'on appelle la raison. Le seul critérium de certitude que Descartes reconnaisse dans sa méthode, c'est l'évidence de la raison. 

" II rejette la conscience, le consentement, la tradition, l'expérience. On sait où a conduit la méthode de la raison pure. Il n'y avait pas même besoin que Kant vînt, deux siècles après Descartes, nous le dire : les disciples immédiats de Descartes, en arrivant au scepticisme universel, l'avaient assez montré. Mais Descartes avait eu au moins la sagesse de borner l'emploi de sa méthode à la pure ontologie; il n'avait pas prétendu décider les questions morales en rejetant le vrai critérium de certitude en cette matière, le consentement et la tradition. Et humour de Leroux : Fourier est bien plus avancé que Descartes: il doute sur les choses humaines en contradiction avec l'Humanité tout entière ! " iMais continuons de l'entendre: " Les successeurs de Descartes ont encore moins que lui fait usage du doute; ils ne l'ont appliqué qu'aux choses qui leur déplaisaient. Par exemple, ils ont mis en problème la nécessité des religions parce qu'ils étaient antagonistes des prêtres; mais ils se seraient a bien gardés de mettre en problème la nécessité des sciences morales »et politiques, qui étaient leur gagne-pain. " ! ! !!  !

De mieux eu mieux ! voilà les philosophes du dix-septième et du dix-huitième siècles traités de la belle facon ! Mais le ridicule ici le dispute à l'ignoble. Fourier prétend què les philosophes, pour ne pas perdre leur gagne-pain, se sont bien gardés de mettre en problème les sciences morales et politiques, tandis qu'ils ont mis en prohleme la nécessité des religions; comme si Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot, sans compter Spinosa, Leibnitz, et en général tous les penseurs du dix-septième et 18ème siècle n'avaient pas continuellement traité les problèmes de la politique et de la morale; comme si la religion, la politique, et la morale, pouvaient se distinguer au point qu'on pût les mettre en problème l'une sans l'autre ! Ce malheureux qui outrage si grossièrement toutes les gloires de l'Humanité ne se souvenait donc plus en ce moment des œuvres de Diderot, où il a tant puisé! Croit-il que Diderot, qui lui a fourni sa liberte amoureuse et son édénisme, n'ait pas mis enproblème la nécessité des sciences morales ? " (...) 

Pourrez-vous douter du plagiat de Foutier après ce que je vais ajouter? Ce ne sont pas seulement des idées philosophiques que Fourier a prises dans Saint-Simon, et qu'il s'est attribues eu les défigurant; c'est aussi la mise en pratique de ces idées. Vous avez présent à l'esprit le projet de souscription devant le tombeau de Newton proposé par Saint-Simon. Ce projet est présenté dans les Lettres de Geneve sous plusieurs aspects. Il se rapporte, d'une part, à la situation actuelle des savants et des artistes. Il s'agissait « d'assurer aux hommes de génie une récompense digne d'eux, de les investir d'une immense considération, et de mettre une grande force pécuniaire à leur disposition. » Mais ce n'était pas en vue d'eux seuls que cette considération et cette puissance leur était donnée; c'était en vue de l'Humanité tout entière. Si Saint-Simon voulait changer le mode de récompenses des savants et des artistes, c'était pour les soustraire au joug des pouvoirs tem· porels, à la pauvreté, à la persécution, et à toutes les entraves, afin que, tournés vers la science et travaillant en vue d'elle seule, ils dotassent l'Humanité d'un véritable pouvoir spirituel. Il voulait mettre ainsi en première ligne de considération ceux qui devaient par l'étude et le culte de !'Attraction, remplacer la compression par l'harmonie, s'organiser et organiser le genre humain. ~ Cette mise en œuvre du Système de l' Attraction se retrouve déguisée dans les écrits de Fourier, aussi bien que la philosophie même de ce système. Il faut que cette idée de souscription ait fort impressionné Fourier; car toutes les merveiîles de son génie en sont écloses ...." ( Leroux cite longuement Fourier ) (...) 

Qui ne voit là le geai paré des plumes du paon ? Ne dirait-on pas la parodie d'un poème! Saint-Simon conçoit quelque chose de grand, de sublime; Fourier lui prend son idée, et en fait une caricature !  Saint-S!mon imagine les savants et les artistes s'intéressant au sort de l'Humanité et récompensés par elle, aimant la richesse pour faire avancer la science, et cultivant la science pour se rapprocher de la Divinité (2). Dans son enthousiame, il s'écrie, pensant à l'independance et à la liberté de ses elus de l' Humanité comme il les nomme : " il y aura donc enfin des prix dignes de l'amour de la gloire, de cette passion qui fait supporter sans peine les fatigues de l'étude et de la. profonde méditation, qui donne la constance nécessaire pour s'illustrer dans les sciences et dans les arts .... " :  Fourier ...? que fait Fourier? Vous venez de le voir. Saint-Simon disait : la richesse pour la science; Fourier. renverse lestermes, et met la richesse en ... première ligne : Leroux explique que Saint Simon oeuvre pour la Recherche et offre des Pirx aux scientifiques et artistes favorisant la Recherche : Fourier propose de l'argent des prix par millions pour que les scientifiques et artistes pensent s'enrichir.... sans aucune CONSCIENCE déontologique, scientifique, sans aucune ETHIQUE, sans l'idée même de la Recherche et des Bienfaits pour l'Humanité

Des Conseils de Newton* chez Saint Simon à l'unité adminstrative du globe chez Fourier, Leroux se moque avaec Raison.....du plagiat et de la déraison de Fourier quand Saint Simon eouvrait à mettre en place des Conseils scientifiques, des conférences internationales en hommage à Newton, etc ...

Puis Leroux " explique à Proudhon en la critique de Fourier par Proudhon que Proudhon se trompe tant il est vrai que Fourier à tout pompé sur Saint Simon, sans la musique et par la méthode dite " philosophique" qui est la " loi sérielle et de séries" chez Saint Simon par la référence à Loi  l'attraction chez Newton, depuis l'expression " ordre combiné " que Fourier a par la suite nommé " série ou loi sérielle " . .

En effet Saint-Simon compose sa Secte Newtonienne* ( voire Conseil de Newton ci-dessus ) de :

1° Mathématiciens.

2° Physiciens.

3° CHIMISTES.

4° PHYSIOLOGISTES.

5° LlTTÉRATEURS.

6° Peintres.

7° Musiciens.

( ...) C'est un changement de position que le grand tacticien Fourier a fait exécuter à l'armée sociétaire de Saint-Simon. Saint-Simon avait présenté l'ordre en colonnes; Fourier, par une évolution connue du moindre troupier, a rangé les colonnes de Saint-Simon en ligne de bataille......! (...) Il est. bien sûr que les nombres 3 et 7 ayant par eux-mêmes de grandes. propriétés, dont au surplus Fourier n'a jamais eu une véritable intelligence, il a su avec ces nombres produire différentes combinaisons qui ont le mérite d'illusionner ses disciples. Mais il n'a jamais déployé à cet égard que du charlatanisme. "

 

 

 

. Les Paysans (2) par Mme *** ( Pauline Roland )

" Quand une pensée sort du cœur, tout incomplète et défectueuse que soit la forme qu'elle revêt, cette pensée d'amour trouve toujours  des cœurs disposés à la recervoir. La parole sincère et désintéressée si lointaine, si humble qu'elle soit, éveille toujours un écho ... A peine ai-je bégayé quelques mots, et déjà de bienveillantes sympathies, de généreux encouragements sont venus m'engager à continuer. J'élèverai donc encore ma faible voix pour parler des paysans;, Le sujet est loin d'être épuisé. Ces pauvres êtres, les plus desherités du  monde actuel, sont ceux dont on s'occupe le moins : si je parviens à attirer sur eux l'attention de quelques hommes de bonne volonté, mon but sera atteint, mon ambition satisfaite. " (<...) 

" Parler des rapports du paysan arec le maître, c'est désigner l'état d'hostilité et de méfiance sourde, mais organisée, qui règne entre eux. Le propriétaire et ses méttayers font une association factice : ce qu'on prend pour l'union des moyens, c'est l'étreinte de la lutte, c'est la guerre des intérêts, c'est un combat inégal et désespéré entre le travail et le privilège. Aussi, en examinant attentivement ces deux adversaires, on les voit, l'un sournoisement et servilement craintif, comme l'animal sauvage à demi apprivoisé qui conserve ses farouches instincts, mais qui, ayant perdu la conscience de sa force supérieure, obéit à celui qui l'a dompté; l'autre, non moins craintif, mais d'une crainte plus prévoyante, et basée sur le sentirnent de son injustice et de sa faiblesse, ne maintenant son autorité qu'à force d'insolence cl d'audace." (...) 

" Et pourtant, si, quittant nos campagnes, nous interrogions les villes, si nous pénétrions dans les fabriques, si nous étudiions les. calculs de l'économie politique, si nous parvenions eu fin à saisir dans chacune de ses phases, la marche de l'exploitation du pauvre par le riche, du travailleur par le capitaliste, comme nous reviendrions si  vite à nos propriétaires campagnards! Comme nous les trouverons bonnes gens!. .. Car eux veulent bien réduire la VIE au pauvre au strict nécessaire, mais ils ne veulent point détruire,  diminuer la population. On ne meurt ni de faim ni de froid chez nous : l'aumône s'y pratique encore. " 

" En attendant un peuple de frères, que les_Paysans deviennent nos enfants. Réchauffons-les, éclairons-les; puis moralisons-nous. La vie, la force est en eux, la connaissance est en nous: que le sentiment nous relie les uns aux autres. Ce n'est que par la fusion ! par l'unité, que chacun de nous se complètera; rendons-nous, dignes d'eux, rendons-les dignes de nous; et alors adviendra le regne de Dieu, le règne de l'Égalité dans l'amour, où il n'y aura plus ni exploiteurs ni exploités, ni pauvres ni riches."

. Souvenirs d'Algérie (1) par PH F

( ...) " Bien d'autres ont décrit, mieux que je ne pourrais le faire, l'aspect de ces vaisseaux chargés de populations entières. Les hommes, les femmes, les enfants, tous entassés sur le pont, pêle mêle avec les animaux, mal vêtus, mal nourris, couchaient sur les planches, tout au plùs sur de mauvaises couvertures, brûlés par la chaudière, et  trempés par la vapeur. Ils sont là, parqués hors de l'arrière, exclusivement réservé. aux officiers et aux passagers de première classe."

" Les hommes de race noire portent le costume Arabe ou Maures. que, suivant la famille à laquelle ils appartiennent, car presque tous sont esclaves. (...) 

" Ainsi donc, au XIX• siècle, l'avant-garde de la civilisation en Afrique, c'est encore le couvent!... Et cependant, ne devrait-on pas comprendre qu'il faut peupler le désert anc des familles, non arec des moine:s? Les colons compredront-ils que l' association les empêcherait seule de périr de misère ? La France comprendra-t-elle que notre lutte contre la barbarie ne peut être légitime et ne peut avoir de résultats qu'en opposant une idée religieuse au fatalisme musulman? "

" Voilà les pensées qui m'occupaient pendant la cérémonie, en même temps; que j'étais \'h em~nt tenté de chercher à réaliser mon idée en me fixant en Algérie. Tout-à-coup j'ai tressailli en entendant prononcer le nom de l'assassin du Dohra. J'étais à côté du colonel Pélissier, et sa figure basse, dure, m'a fait comprendre que la con-quête et l'extermination seraient trop longtemps encore le seul moyen compris pour régénérer les nations!. .. Mon rêve s'est dissipé ; la guerre féroce, implacable, la dévastalion, puis la propriété exclusive et jalouse de quelques cultivateurs grossiers; la domination arrogante des militaires,  la corruption et la cupidité des colons, voilà ce que nous établissons en Algérie. Tout ce qui m'a été dit sur la brutalité des officiers, sur les intrigues et les friponneries des employés est inconcevable; et la multiplicité des actes impunis fait jeter souvent des calomnies sur de nobles caractères, qui ont le malheur d'être en mauvaise compagnie. "

" La plupart sont des ouvriers et se font chèrement payer. On bâtit beaucoup, et presque tous ont de l'ouvrage. Mais les cultivateurs, pauvres, ignorants, jetés sur une terre inconnue, perdent leurs forces et leur fortune, en essayant de se créer une propriété. Le découragement dépeuple les villages formés à grands frais par la direction de l'intérieur; les concessions restent incultes; et comme les Arabes ont abandonné pour la plupart le Sahel, Alger serait bientôt entouré d'un désert, si on n'y prenait garde. Et cependant la terre est fertile: l'eau, sans être abondante, se trouve pourtant sans beaucoup de peine : ce qui manque , ce sont des hommes qui comprennent la force de l'association, , et qui soient dirigés par des agriculteurs savants. L'élevage des bestiaux, la culture des denrées coloniales et du murier, et les potagers, donneraient bientôt des profits considérables. L'exemple de quelques propriétaires riches et intelligents est là pour le prouver. Avec quelques avances, on peut faire bcp en Algérie. " 

. Statue St Geoffroy St Hilaire

« Le nom de GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, dit cette commission, n'a pas besoin d'être vanté. N'eût-il d'autre titre aux yeux de l'Europe que celui d'auteur de la Philosophie anatomique, cè serait assez pour justifier l'honneur que nous voulons lui rendre. On n'a pas oublié que Goëthe mourant le présentait à l'Allemagne comme formant, en compagnie de Cuvier, pour notre siècle, un groupe équivalant à celui de Buffon et Daubenton  pour le dixhuitième. C'est en effet Daubenton lui-même qui, se distinguant avec cette sûreté de coup-d'œil qni appartient au génie, l'avait choisi, dès sa jeunesse, pour lui transmettre l'héritage de la zoologie; et c'est lui, qui, à son tour, a su discerner et appeler à lui l'illustre Cuvier, dont l'antagonisme devait lui imprimer un mouvement si utile. Ces deux noms demeureront unis dans l'histoire par l'opposition même qui s'y rattache, et la postérité, qui s'ouvre déjà pour eux, ne les contemplant pas l'un sans l'autre. 'Mais, sans entreprendre un panégyrique, ni parler de tant de beaux traits de vie privée qui sont l'honneur de sa biographie, qu'il nous soit du moins permis d'inscrire ici les titres positifs que nous avons à cœur d'honorer."

. Réalité et Poésie : Alphonse Esquiros

(...)

" Ce récit est tiré de la Gazette des tribunaux du 13 de ce mois (août). La réalité fournit à chaque instant des faits du même genre. Voilà un homme qui a été utile à la société toute sa vie, et qui pourtant va mourir de faim ! Il a servi le pays dans un atelier du gouvernement, et le gouvernement le licencie dans sa vieillesse, et .l'abandonne! - Ce gouvernement n'a de prévoyance que pour les grades élevés de sa hiérarchie. Il donne tout aux riches, ce gouvernement, rien aux pauvres . . Etes-vous né riche, vous avez droit à ses faveurs; vous participez à son éducation privilégiée; ses emplois, ses grades · vous sont ouverts. Quant· au peuple, on prend ses sueurs, son travail, sa vie, . et on ne lui paie jamais ce qu'on lui prend. Combien de pauvres soldats expirent chaque année dans nos campagnes à la suite des horribles maladies contractées en Afrique! et combien, depuis vingt ans, l' Afrique a-t-elle dévoré des enfants du pauvre, condamnés au régime de l'abrutissement et du meurtre pour la plus grande gloire de quelques généraux dont les classes pauvres, pressurées par l'impôt, paient les honneurs et les pensions de retraite! -Ainsi délaissé, ce vieux travailleur s'adresse donc à l'industrie privée, que mène le capital et où règne la concurrence; mais là on lui dit : Tu es trop vieux; les jeunes ne manquent ·pas; la chair humàine est toujours trop abondante. Il comprend son sort, il s'éloigne, il erre sur le bord du fleuve, rêvant peut-être un suicide. Vous avez vu le reste: et comment l_'expérience de ce vieillard pouvait encore être utile à cette industrie qui le condamnait à mourir. En vérité, si un poete voulait représenter dans un apologue la solidarité qui lie virtuellement entre eux tous les hommes et l'anarchie qui aujourd'hui les divise, pourrait il mieux faire ? "

(...) 

Il est d'autres sujets dans le monde où nous sommes;

II est de sourds combats et de terribles maux

Dont la muse pourrait enfler ses chalumeaux.

Ces hommes sans travail, sans famille, et sans terres,

Race de parias, race de prolétaires,

Qui frappent maintenant avec anxiété .

Aux deux portes d'airain de la société;

Fils excommuniés de la mère Nature,

Qui n'ont point sur la terre un coin de sépulture,

Pour qui l'on interdit l'oncle, l'air et le feu,

Qui vivent sans espoir et qui meurent sans Dieu.

N'ont-ils pas, dans leur sombre et triste frénésie,

Le caractère grand qui fait la poésie?

Ne pourrait-on tirer de leur bouche de fer

 Un hymne à défier lé chantre de l'enfer ?

. Nécrologie : Jules Bouline

" J' avais sous les yeux tout ce qui restait de la pensée d'un homme, mon ami,  et je voyais à chaque instant cette pensée s agiter à la recherche consciencieuse de la vérité, privée, dès le départ, de guide et de flambeau ! Que de travail sur toutes les matières ! que d'essais! que d'études ! Ici des recherches pour la société. d'enseignement universel, dont iÏ était membre; là, des commumcations aux Journnaux, des notes qui la physique, sur Je droit, sur le magnétisme, sur l'association; par. tout l'élaboration d'un système, d'un ensemble de notions qui puissent servir de basé à cette égalité qu'il desirait tant. On ne peut exprimer ce qu'il y a de douloureux dans cet examen des écrits d'un mort ! A tout moment l'on voudrait l'interroger sur ce mot lui demander la suite de cette pe,sée, la discuter,  l'élucider: mais le papier reste muet sous votre regard; il est mort, lui aussi ! C'était un grand cœur que Jules Boulines! C'est une vie bien em.ployée que la sienne ! Esprit indépendant, il a souffert à la recher.che de la vérité; cœur religieux, malgré tout il a aimé et servi l'Egalité de tout son ètre , et cela avec une abnégation d'autant plus belle, que ne s'expliquant pas comment son droit, son avenir, sa vie individudle, étaient liés à l'avénement de cette Egalité, il lui a néanmoins tout sacrifié par un sublime amour du devoir et de la justice. " AD.

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