N°6: Mars 1846 :
. De la recherche des BIENS MATERIELS (4) : L'Humanité et le Capital ( Leroux P) . Du principe de la fonction pour l'Organisation de l’Égalité : L Desages
. Sur la religion : lettre à un démocrate : Jean Terson
. Poésie : la féodalité nouvelle Edmond Tissier
N°6: Mars 1846 :
.1 - De la recherche des BIENS MATERIELS (4) : L'Humanité et le Capital ( Leroux P)
L'HUMANITÉ ET LE CAPITAL. 1. Dessein de cet article.
Il est étrange à quel point de brutalité les prétendus savants nommés économistes sont tombés, lorsque. méconnaissant les premiers rincipes non pas seulement de la religion, mais de la législation, ils se sont mis à adorer le Capital, c'est-à-dire l'usure ; car il n'y a aucune différence entre ces deux noms d'une même chose, l'abus de la propriété. Quand on jette les yeux sur la tradition, qn'on relit tout ce qu'avait prononcé la sagesse humaine, soit sous la forme de décrets religieux, soit sous celle de lois civiles, et qu'on voit l'audace avec laquelle on préconise aujourd'hui ce que les lois divines et humaines ont toujours condamné, on est pris d'un immense étonnement. \ Mais quand on considère les affreux ravages que produit ce mal si justement défendu par toutes les lois humaines et divines, ce n'est plus de l'étonnement qu'on éprouve, mais une sorte de désespoir. Quoi! \ la raison humaine est si faible et si incertaine, qu'après avoir connu la vérité, elle s'en éloigne, et passe volontiers au pôle de l'erreur !
Est-ce, en effet, une vérité nouvelle, que celle-ci : L'abus de la propriété connu sous le nom de Capital est une chose inique et coupable ? Sont-ce des novateurs qui ont découvert cela ? Est-ce un paradoxe jeté par eux dans le monde? Oh ! bien loin que ce soit ! une idée nouvelle et paradoxale, c'est une vérité connue depuis un nombre infini de siècles, et sanctionnée par toutes les législations.
Ce qui est nouveau, c'est cette apologie hardie, effrontée, ~impudente, contraire à la religion et aux principes des lois, que l'on fait aujourd'hui du Capital sous le nom respectable de propriété. J'ai le dessein de rappeler les textes mêmes de la tradition concernant ce qu'on nomme le Capital. Mais il faut d'abord que je montre, au moins sommairement, les inconvénients de ce Capital que toutes les lois humaines et divines condamnent. Pour cela, je commencerai par parler de ce que les économistes appellent défaut de subsistance ; mais j'en parlerai autrement qu'eux.
Ce qu'on appelle défaut de subsistance.
On appelle défaut de subsistance le massacre que le Lucre, c'està-dire la Guerre et la Conquête sous sa forme moderne, produit dans l'Espèce Humaine. L'accroissement des moyens de subsistance étant, suivant les économistes, impossible en certains pays, après que la population a atteint une certaine limite, et n'ayant lieu dans les pays les plus favorisés, et alors même que la population est encore peu nombreuse, qu'en proportion arithmétique, tandis que suivant eux, l'accroissement de la population tendrait partout et constamment à avoir lieu en proportion géométrique, tout l'excédant de population possible se trouve détruit par le manque de subsistance. C est ce meurtre que Malthus appelle loi de la Nature. Ce meurtre s'opère de deux façons sur ceux qui sont nés ou qui naissent, et sur ceux qui pourraient naître et qui sont éteints pour ainsi dire, avant de naître. Mais pourquoi l'accroissement des subsistances est-il impossible ou n'a-t-il lieu qu_'en proportion arithmétique, tandis que l'accroissement de population tendrait à avoir lieu en proportion géométrique? Le salut de l'Humanité gît tout entier dans cette question.
L'anti-criminogénie de Leroux est une Ethique de l'économie politique et sociale, une Ethique des Sciences Economiques inscrite dans la haute Tradition Humaine ayant toujours condamné le veau d'or et ses avatars, de la cupidité au meurtre économique d'affamement des populations en lieu et place de charité chrétienne, solidarité et ou socialisme : c'est donc tant sur les principes religieux que législatifs que Leroux se dresse et s'oppose aux " économistes " tel le criminel Malthus qui, en capitalistes font usure jusque au meurtre et meurtre collectif des populations et enfants à naître.
Il est exact que de l'eugénisme au capitalisme, les " économistes " ont cautionné l'eugénisme capitaliste revendiqué par Malthus, et opposé en tous points à la Doctrine de Pierre Leroux. ( Voire Jean Ziegler aujourd'hui en 2021 ONU PAM ) .
Que sous la loi du Capital les choses se passent ainsi ; que sous cette loi la tendance de la population à s'accroître surpasse la possibilité qu'à cette population de se nourrir ;
que sous cette loi, par. conséquent, il n'y a pas de salut pour l'Humanité; qu'il faut subir les divers fleaux de la destruction, et même en créer artificiellement; inventer, comme dit Herrenschwand le maître de Malthus, des moyens raisonnables de se débarrasser de l'excès de population; condamner enfin toute piété humaine. toute charité, toute religion. Oui , tout cela est logique, tout cela est raisonnable, parce que tout cela est vrai, sous la loi du Capital. Mais tout cela n'est raisonnable et bon à soutenir que sous cette loi.
Mais quand nous employons ce terme de faculté procréative pour l'argent ou le Capital, c'est évidemment afin de mieux caractériser le crime de lèse-Humanité qu'emporte cet accroissement de capitaux dans les mains de l'égoïsme individuel, puisqu'il est bien vrai, comme nous allons le démontrer, que cette force qu'acquiert le Capital est destructive de l'Espèce Humaine, et est la négation la plus criminelle de la faculté de se multiplier qui a été donnée à cette espèce par le divin Créateur. Opposons donc l'une à l'autre ces deux forces; c'est-à-dire montrons qu'elles sont contradictoires, et prouvons ce que nous avons énoncé, à savoir que le Capital tue l'Humanité. Pour cela, nous commencerons par caractériser chacune de ces forces isolément, et nous parlerons d'abord de la multiplication humaine. (...)
Les économistes, sous prétexte d'assurer notre subsistance, immolent sans pitié les générations humaines, pareils à des bouchers qui préparent dans la tuerie la matière de nos festins. Suivant eux, iI y a toujours excès de population ;
Mais le chef-d' œuvre de leurs élucubrations sophistiquées , sans profondeur aucune et sans science véritable, c'est d'offrir cette immolation des générations possibles, ef même de tout ce qui dans les générations vivantes leur paraît bouches inutiles, en holocauste à l'Humanité, avec un air de bonne foi et de zèle qui serait vraiment risible, s'il n'y avait pas quelque chose de douloureux à' contempler une pareille folie. Il faut les entendre, en effet, parler avec douceur et bénignité de la nécessité d'empêcher la venue sur la terre de ces essaims d'enfants dévorateurs qui nous enlèveraient notre part de subsistance déjà si exigüe...(...)
Ils ont vraiment des larmes dans la voix, quand ils supplient ainsi l'Humanité de sacrifier ses enfants, et de se faire semblable au vieux Saturne, qui, pour se nourrir, dévorait sa postérité. Ah! ils ne connaissent pas le lien nécessaire qui unit l'homme à sa postérité, l'Humanité vivante à l'Humanité future! Ils se rient des livres saints et du précepte de la Genèse; mais c'est parce qu'ils ne comprennent pas ce précepte divin, qu'ils en parlent avec tant de dédain et d'ironie. Croient-ils donc que la loi même de l'espèce, la loi dans laquelle ' viennent se résumer toutes nos facultés, puisse être violée, blessée, détruite, sans que la vie sous tous ses aspects soit violée, blessée, détruite? S'imaginent-ils qu'on puisse créer, comme ils le conseillent , des checks à la population, sans accabler l'Humanité de maux de tout genre, sans l'affiiger de tous les vices, sans lui imposer toutes les espèces d'impuretés, sans faire de la vie Humaine un enfer éternel !(...)
Il y a cinquante ans, quand Malthus formula, dans son livre de bronze, la loi du Capital en ces termes, qu'il ne faut pas se lasser . de répéter : « Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, si les riches n'ont pas besoin de son travail, n'a pas le moindre droit à réclamer une portion quelconque de nourriture et il est réellement de trop sur la terre; au grand banquet de la Nature, il n'y a point de couvert mis pour lui; la Nature lui commande de s'en aller, et elle ne tardera pas à mettre elle-même son ordre il exécution "; quand Malthus, dis-je, prononça en ces termes l'arrêt d'extermination du Genre Humain, Godwin lui répliqua: "Non, cc n'est pas la loi de la Nature, cc n'est que la loi d'un état social très factice qui entasse sur une poignée d'individus une si énorme surabondance et leur prodigue aveuglément les moyens de se livrer à toutes les folles dépenses, à toutes les jouissances du luxe et de la perversite, tandis que le corps du Genre Humain est condamné à languir dans le besoin ou à mourir d'inanition."
La réponse est belle, solide, admirable; et benie soit elle !
Il y a une raison de cela apparemment! Quand tous les anciens sages, à l'exemple de Caton, ont comparé le_lucre que l'on retire sans travail de la richesse accumulee à l'homicide, ils avaient apparemment quelque motif pour caracteriser ce lucre un veritable meurtre. Quand tous les anciens législateurs ont formellement interdit, au nom de la Divinité, tout profit de ce genre, ils avaient apparemment autorité et inspiration pour le faire; il serait trop absurde de supposer qu'ils l'ont fait sans raison légitime. Si Moïse, . assimilant l'intérêt qu'on retire ainsi d'un Capital à la Guerre et à la Conquête, permet aux Hébreu de prêter à interêt aux peupIes étrangers leurs ennemis, et leur défend de se livrer a ce gain, qu' il qualifie de crime, envers leurs compatriotes, c 'est apparemment que Moïse, ce divin législateur, savait que le Capital est équivalent de la Guerre et de la Conquête. Si Jésus dans le sermon sur la montagne répète le même précepte, et si dans toute sa doctrine il proscrit le lucre à l'égal de l'enfer, apparemment que le Sauveur des hommes savait bien que cela importait au salut du Genre Humain. Si les Pères, si les Conciles, si toute l'Eglise jusqu'à ces derniers temps ont fulminé contre cet abus de la propriété, pour qu'une telle unanimité se rencontre pendant dix-huit siecles entre tous les représentants de l Humanité, il faut bien que la question soit grave et intéresse au plus haut point les destinées de cette Humanité.
Considéré en lui-même, le Capital est une bonne, une excellente chose, puisque c'est la prise de possession par l'Humanité de l' espace et du temps, le moyen d'augmenter la production, et par là , de suffire à la loi même de l'espèce, à sa faculté de procréation. Mais c'est précisément parce que c'est une excellente chose, que placé entre les main de l'égoïsme, et ravi à la surveillance et à direction de la société collective, il produit tous les genres de maux, et, loin de servir la faculté humaine de procréation, la détruit et, comme nous l'avons dit, tue l'Humanité.
Donc, quand Malthus fait ses calculs sur la multiplication humaine, dans le but de prouver qu'elle n'a pas de limites, tandis que la terre est bornée, afin d'arriver plus tard à ses conclusions homicides, on peut toujours lui répondre: " Je connais quelque chose qui pullule bien plus que l'Espèce Humaine n'est capable de le faire; quelque chose dont la progression, au minimum, dans une certaine période, n'a pas pour rapport deux, mais deux fois deux , attendu que cette chose est aussi éternelle que sa graine , et éternellement procréative; ce qui fait qu'au bout d'une période de mille ans, cette chose se trouve être trois cent millions de fois plus procréative que l'Espèce Humaine. Et c'est cette chose qui tue l'Espèce Humaine et l'empêche de se multiplier. Et cette chose est la base de votre économie politique. Et celle chose a toujours été réputée criminelle; et voilà pourquoi, acceptant cette chose, vous êtes forcé de rejeter toute religion, de chasser de nos cœurs toute charité, de nier Dieu et sa Providence, de renoncer à la promesse divine de Salut, de fouler aux pieds la Bible et l'Evangile. »
Il est remarquable que c'est après la destruction de toute vraie théologie, lorsque le sens de la métaphysique chrétienne commença à disparaître au sein du Protestantisme, que les peuples marchands qui avaient adopté la Reforme osèrent pour la première fois émettre cette opinion que le Christianisme ne défendait pas l'usure commerciale. Une erreur si grossière devait précéder et amener l'Economie politique anglaise. " Plusieurs auteurs, dit encore Pothier, ont prétendu que la défense de stipuler et d' exiger des intérêts dans le contrat du prêt d'argent devait souffrir exception à l'égard des prêts d'argent qui étaient faits à des commerçants qui empruntaient pour employer dans leur commerce la somme qui leur était prêtée et la faire fructifier. C'était l'opinion de Calvin , dans ses lnstitutions; il prétend que la défense de prêter à intérêt ,, qui se trouve dans les livres saints ne concerne que les prêts faits aux pauvres. En conséquence, les lois civiles des états protestants ont permis le prêt à intérêt, pourvu que l'intérêt n'excède pas le taux réglé par la loi. " Pothier discute cette opinion, et la déclare fausse de tous points, contraire à toutes les lois divines et, aux ordonnances dn royaume (2). »
Oserai-je exprimer une vérité certaine, et montrer jusqu'à quel point le principe des économistes sur la rareté de la subsistance humaine comparée à la multiplication humaine est réfuté par la Nature ? Pourquoi ne le ferais-je pas? Pourquoi la délicatesse de notre langue m'empêcherait-elle de répondre, au nom de la Nature, à celui qui a osé écrire : "Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, si les riches n'ont pas besoin de son travail, est de trop sur la terre .... " Vanini, accusé faussement d'athéisme, ramassa un fétu de paille dans la boue, et dit : «Je ne veux que ce brin de paille pour démontrer mon innocence en prouvant l'existence de Dieu." Il suffisait, faut-il le dire, des excréments de l'homme pour répondre à Malthus. .Est-ce, en effet, qu'avec toutes vos richesses vous produisez quelque chose? Non, c'est la Nature qui produit tout ; et quand vous pénétrez au fond de vos moyens de produire, l'industrie vous renvoie à l'agriculture, et celle-ci, à vos fumiers. La Nature a établi un circulus entre la production et la consommation. Nous ne créons rien, nous n'anéantissons rien; nous opérons des changements. Avec des graines, de l'air, de la terre, de l'eau, et des fumiers, nous produisons des matières alimentaires pour nous nourrir; et, en nous nourrissant, nous les convertissons en gaz en fumiers qui en produisent d'autres: c'est faire ce que nous appelons consommer. ta consommation est le bût de ta production, mais elle en est aussi la cause. Or, quant aux graines , vous convenez vous-mêmes qu'un arpent eu fournit assez pour couvrir en quatorze années la surface entière du globe. Pour de l'air, l'atmosphère par sa fluidité a échappé à l'avarice, et par son abondance appartient encore à tous les hommes. Il en est de mème de l'eau; il y en a tant sur la terre et dans l'air que vous n'avez pas songé à vous l'approprier. Donc, de par la Nature, j'ai le droit de vivre sans la permission des seigneurs à qui Malthus livre ma vie, Car pourquoi ces seigneurs me défendrait-ils de vivre ? Si je consomme, je produis : avez-vous droit sur mon fumier pour dire que je n'ai pas le droit de vivre que sous le bon plaisir des riches ?
Nous voilà enfin arrivés à la vraie question .. La vraie question n'est ni celle de la prétendue loi de la multiplication humaime en progression géométrique, ni celle de la prétendue loi de l 'accroissement de subsistance en progression arithmétique. La vraie question est celle du Capital. Les économistes ont depuis cinquante ans, étrangement trompé l'Humanité, en détournant son attention du véritable point de la question , pour la porter sur des points accessoires. Ils ont effrayé et trompé l' Humanité de deux façons; car au lieu de la lancer sur la piste du véritable fléau qui la dévore, ils l'ont engagée à se livrer de confiance à ce fléau, en lui faisant peur de ces fléaux imaginaires. 1° ils ont consterné l'Humanité en lui faisant supposer qu'elle n'avait pas de plus grand ennemi qu'elle-même par I' accroissement de population; ils ont, à cet effet, exagéré sa loi de multiplication: non pas que leurs supputations sur ce qui s'est passé aux Etats-Unis et ailleurs manquent d'exactitude, mais parce qu'il n'y a pas à conclure du fait présent au fait futur, et de l'Humanité vivant dans le vice et l'ignorance à l'Humanité plus morale et plus éclairée. 2" lis l'ont désespérée encore en affirmant le défaut de subsistance ou le simple accroissement en proportion arithmétique. Mais ils n'ont pas discuté le Capital, sous la loi duquel s'opère aujourd'hui la production et se passent les faits observés par eux. Ils ont critiqué l'homme et son droit de vivre; ils ont critiqué aussi l'objet de l'homme ou son besoin; ils ont nié sa subsistance. Mais le lien actuel de l'homme à cette subsistance, ils ne se sont pas donné la peine de l'examiner, ils ne l'ont pas pesé dans leur docte balance. Ce point de la question était cependant inséparable des deux autres; ou plutôt, comme je viens de le dire, c'était là la vraie question.
On comprendrait l'accumulation des richesses, si elle était ainsi faite ,par l'Etat et pour l'Etat; on la comprendrait, dis-je, parce qu elle aurait un but, celui de faire le bonheur de l'espèce humaine. Il y aurait une science de l'emploi par l'Etat, c'est-à-dire par la société elle-même, de cette richesse accumulée, de manière à procurer la meilleure hygiène morale, intellectuelle et physique · de la sociéte tout entière, conformément aux lois divines. ! Mais que parlé-je de Capital et d'accumulation de richesses dans l'hypothèse où je me place! Le vrai Capital de la société c'est la Moralité, aujourd'hui comptée pour rien. L'association humaine , aurait pour effet immédiat de rendre inutile au-delà de certaine bornes déterminées par la Science en conformité avec la Nature ce qu'on appelle aujourd'hui accumulation de richesses. Dieu a mesuré les saisons ! le présent, le passé , l'avenir ne sont pas aussi loin et ne se joignent pas aussi difficilement que les économistes le pensent. C'est parce que l'homme s'est fait l'ennemi de l'homme et s'est séparer de Dieu, que le passé, le présent, et l'avenir, ont des barrieres infranchissables. Les économistes croient renverser ces barrières avec le Capital, c'est-à-dire l'avarice et l'avidité, et ne font que les redoubler. L'association humaine, en obéissant aux lois divines les renverserait facilement. L'Humanité plus éclairée prendra un Jour au sérieux la prière du Christ : " Notre père, qui est dans la lumière, donnez-nous aujourd 'hui notre pain quotidien. Le paradoxe des économistes n'est donc qu'un sophisme. Ils sacrifient à Humanité à l illusion d une vertu bienfaisante de la richesse acumulée dans les mains d'un petit nombre d'individus; et pourtant ils reconnaissent que si la richesse augmente, elle n' augmente qu' entre les mains de ce petit nombre d'individus que tant que ces accapareurs de richesse sont actifs ils ruinent le reste de la Population pour l'usure ; et enfin 3° que quand ils se reposent ou deviennent oisifs, leur richesse s'absorbe dans le luxe et se consomme improductivement . Les économistes, qui appellent leur science la science de la richesse, ignorent véritablement ce que c'est que la richesse. La richesse véritable, c est l' homme, c'est la vie humaine. La richesse est faite pour les hommes, et la richesse qui tue l'espèce humaine n'est pas la richesse .
Conclusion : C'est parce que la production se fait ainsi sous la loi du Capital, et c'est également parce que la consommation se passe sous la même loi, que les fameuses propositions de Malthus sont exactes sous cette loi; c'est, en un mot, parce que le Capital règle production et consommation, que la multiplication humaine excède toujours les moyens de subsistance.
Donc, quand Malthus, et depuis lui tous les économistes ont observé ce qu'ils appellent la loi fatale des sociétés humames ( que les politiques, à leur suite, ont érigée en axiome gouvernemental et traduit en pratique ) ils n'ont pas observé autre chose que les effets du Capital. En considérant la misère , ils ont cru voir les effets d'une loi de la Nature; mais ils n'ont vu, en réalité, que les effets de la mauvaise organisation de la production et de la consommation. Donc leur science, prise dans sa totalité, est une absurdité. Car ·ils posent' un principe, le CAPITAL, d'où suit nécessairement une conséquence, le DÉFAUT DE SUBSISTANCE, qu'ils attribuent, non pas à leur principe, sa véritable cause, mais à la Nature. Mais cette fausse science est plus qu'une absurdité ! Elle mène ]'Humanité au désespoir; elle autorise et elle justifie tous les vices, toutes les impuretés, et tous les crimes ; elle détruit toute religion; elle éteint toute piété et toute charité parmi les hommes; elle abolit de fond en comble les principes que l'Evangile a établis dans le monde.
Pierre Leroux.
.2- Du principe de la fonction pour l'Organisation de l’Égalité : L Desages
Nous ne croyons à un progrès social qu' après un progres de la conscience humaine elle-même.
Girondins et Montagnards : ou de la bataille entre Liberté et Egalité, un temps unis contre les Rois, et l'Ancien Empire pour faire réussir la révolution : puis dans cette lutte et combat contre deux visions différentes de l'Organisation, la Liberté Girondine s'est heurté à l'Egalité Montagnarde : or les Montagnards ont fait confiance au commerce et à l'industrie et c'est la Liberté Girondine, bourgeoise qui l'a emportée par l'Individualisation de la Société : Luc Desages décrit dans cet article, de Rousseau aux Chemins de Fer en passant par Montesquieu et la Questionde la Représentation politique, ( jusque au vote utilitariste du citoyen...pour ses seuls intérêts ) comment la Prophétie de la révolution française en Liberté Egalité Fraternité a depuis le combat Gorindins Montagnards par Montesquieu, dégénéré en anarchie pour fonctionnaires ploutocrates : la Fonction pressentie pour l'Egalité et Liberté, Desages en exige la vraie Science pour l'Egalité, Liberté Fraternité Unité :
"Il y aura pour toute Ia République un Institut national chargé de recueillir les decouvertes " de perfectionner les arts et les sciences.,, (Art. 298 de I'Acte ! Constitutionnel de l'an III. )
Mais parce qu'une science plus fondamentale, la science même de la Liberté, de la Fraternité, de l'Egalité, pratiquées ensemble et par pénétration mutuelle, manquait aux hommes de 93, ils ne songèrent point à généraliser leur idée de la fonction, à l'appiquer à la société entière, et à tous ses membres. Ils étaient domines par la croyance qu'il fallait, à part de l'Etat, une industrie, un commerce, et un travail absolument libres. Ils ont ignoré enfin que Ia fonction partout, la fonction toujours, est le milieu où pourront vivre à la fois, comme sentiment, comme science, et comme art, la Liberté, la Fraternité, et l'Egalité. Ce que les Conventionnels ont ignoré, Rousseau leur précepteur ordinaire, Rousseau leur guide, l'avait ignoré avant eux; mais il en avait senti la nécessité. Rousseau admet le principe de la souveraineté du peuple; mais cette souveraineté ne vit pas par elle-même, il faut lui donner le souffle et l'animation. Suivant Rousseau, . "le peuple souverain n'est pas législateur, et ne peut pas l'être. Le »peuple souverain n'est, suivant Rousseau, que l'ouvrier qui monte et fait marcher la machine. Mais il a fallu un mécanicien , qui inventât la machine, et ce mécanicien, c'est le législateur. " (Voyez le Contrat Social ) On voit quel devait être l'embarras de Rousseau. D'un côté, la Liberté ne lui paraît guère possible qu'avec des esclaves; de l'autre, la Souveraineté, c'est-à-dire l'Egalité, a besoin d'un législateur et d'une machine. Ce législateur, cette machine, que n'ont trouvés ni Rousseau, ni ses élèves, en fait de gouvernement, c'est la Science dont nous parlons, qui est aussi un Art, et qui, au moyen de la fonction, procurera la Liberté sans esclaves et l'Egalité. Jusqu'ici cet art de la société n'ayant pas été découvert, l' lmdividualisme a triomphé, les Girondins ont vaincu. Le bien veut être vu sous toutes ses faces et constitué dans sa plénitude, pour se faire jour; sinon, c'est le mal qui l'emporte, qui monte, qui s'étend pour tout envahir. Voilà pourquoi, sans doute, il ne nous reste plus rien de ce qui fit la gloire des temps révolutionnaires, où les principes appelés à régir le monde furent cependant proclamés, et que pour cela nous avons raison d'appeler prophétiques.
Il ne nous reste rien des temps révolutionnaires, disons-nous; c'est ce que nous allons démontrer, en présentant le tableau de l'Individualisme, er en faisant voir combien nous sommes loin des traditions, même purement gouvernementales, de la Convention. L'individualisme est entré profondément dans les mœurs, et les natures se sont imprégnées et, pour ainsi dire, formées de lui. Le Tiers· Etat, victorieux par les efforts d'une liberté anarchique, a su trouver la forme de gouvernement qui lui convenait. C'est le gouvernement admiré et décrit par Montesquieu, ce législateur de la bourgeoisie, que la France a adopté à défaut de législateur du peuple. C'est cette fausse imitation de la Constitution Anglaise, importée en 1815 et continuée en 1830 : gouvernement fatalement corrupteur; car il ne se soutient que par la division, et ne trouve son appui que dans le plus large développement donné à l'amour du gain, à la passion du pouvoir, au goût de tous les plaisirs. Sous ce gouvernement, le mercantilisme et l'agiotage ont pris çhez nous des proportions colossales. Leur effet le plus immédiat a été d'accumuler toutes les richesses de la nation dans quelques mains; et ces quelques mains conduisent la France, ils la façonnent à leur gré. (...)
Quelles peuvent donc être les vues secrètes du gouvernement? Elles sont faciles à pénétrer. Elles ont pour but d'amener une transformation de l'Ecole Polytechnique, telle qu'au lieu d'être un établissement destiné à créer des fonctionnaires dans un ordre de travaux très importants, elle devienne une espèce d'école de capacité, comme sont celles de droit et de médecine. On y prendrait un diplome au moyen duquel l'on exercerait le métier d'ingénieur. Après tout,ce fait d'une fonction ainsi anéantie ne serait qu'une suite naturelle du mépris où toute fonction est tombée. Il est admis généralement par les ennemis du pouvoir que toute la force de ce pouvoir est dans son armée de fonctionnaires et dans les places qu'il peut accorder. Aussi verrait-on avec plaisir qu il eût le moins possible de ces places à sa disposition, et a-t-on en grande estime ce qu'on appelle les professions libres et indépendantes. Quand il s'est agi de détruire la vénalité des offices, ce sont les hommes de l'opposition qui se montrèrent le plus hostiles à la mesure. Nous ne venons point contredire leur manière de voir, et, selon les temps, ils pouvaient avoir raison. Mais, considérant un autre point de vue, nous nous demanderons, nous, s'il est au contraire des offices qui ne soient point vénals, si en un mot la fonction existe encore aujourd'hui? Nous voyons bien qu'il y a des fonctionnaires, mais de fonctions presque point. N'est-il pas vrai qu'il est de l'essence de la fonction d'être accordée au mérite, au savoir, à la moralité ? N'est-il pas vrai aussi que rien de tout cela n'est compté aujourd'hui ? Au contraire, il est constant que toute place 'est vénale; car toute place est vendue soit à prix d'argent de particuier à particulier, soit pour des voix d'électeurs, soit pour des voix de députés. (...)
D'autres, sans dédaigner le cote prophétique, et en restant à cet égard sur la même ligne. que .ceux dont _nous venons de parler, ont abordé la question sociale; ils ont parle d orgnisatron du travail et d'ateliers sociaux. Ils ont dit que pour arriver à un résultat et entraîner les hommes, ce n'était pas assez de prôner certaines règles, de répéter sans cesse : " Egalité, Fraternité, Liberté,» mais qu'il était nécessaire d'offrir le modèle d'une société artificiellement construite basée sur ces règles, et où tout fût prévu d'avance, jusqu'à la form; de l'habillement. !
Mais n'est-on pas choqué de cette façon d'arranger ainsi les choses, qui ne tient nul compte de l'homme, et calcule tout au plus sur ses besoins purement physiques ? N'est-on point tenté d'appeler cela du mécanisme? Vous avez vu, au Louvre ces miniatures de grandes villes, ces miniatures en relief où tout est bien imité, les maisons, les rues, les monuments, les jardins publics, les allées d'arbres, les bassins, les rivières et les canaux, jusqu'aux habitants qui y sont représentés vaquant à leurs affaires; mais tout cela ne vit pas, tout cela c'est du bois peint. Eh bien! la société modèle dont on nous présente la structure nous produit un effet analogue, elle ne nous illusionne pas davantage. Vous ne tenez pas compte de l'homme, dirons-nous à ces derniers réformateurs; et vous n'en tenez pas compte parce que vous ne voyez pas où est le principal siège du mal.
Le mal des sociétés n'est plus seulement dans les institutions, il est dans les âmes profondément démoralisëes. Les âmes sont pétries d'égoïsme, de personnalité aveugle, de cupidité, de colère, de haine, d'envie, de scepticisme, de superstition, et d'ignorance.
Si vous aimez à errer dans les campagnes, et à considérer toutes les choses de la nature, vous avez dù rerncontrer des blocs de pierre ( cf Pierres Jaumâtres près de Boussac ) qui vous paraissaient pleins de vie, de cette vie des corps bruts , qui les fait grandir et se développer , et former des rochers énormes, des masses compactes et puissantes, capables de résister à la foudre. Mais vous y portiez la main, et tout-à-coup des morceaux se détachaient et roulaient divisés en mille parcelles. Quelque temps encore, et toutes ces roches ne seront plus que du sable. Vous aviez devant vous un granit en dissolution. Eh bien! n'est-ce point là l'image fidèle de nos sociétés ! Elles ont de l'apparence, il semble qu'elles vivent dans l'union de tous leurs éléments; mais regardez-les d'un œil attentif, et, je vous le dis, vous les verrez ce qu'elles sont en réalité, vous les verrez poussière. Nous sommes à l'état de l'empire romain, au temps de l'invasion des Barbares. Donc les efforts que vous faites, et les plans que vous proposez, sont impuissants; vous n'arriverez à rien avec eux. Est-ce l'industrie, est-ce l'art, est-ce la science, que vous régulariserez? L'industrie, chacun en convient, est une obscure forêt où les hommes s'entretuent. Par là même, l'industriel fait défaut. Vous avez le banquier, le commerçant, le boutiquier, l'agioteur, le capitaliste, et en dessous le prolétaire; vous n'avez pas le véritable industriel. Et l'art, où le trouvez-cvous? Quels sont les produits de l'art à notre époque? Un seul de ces produits a été pris comme figure de tous les autres; et celui-là, c'est le palais de la Bourse. Aujourd'hui, l'art est avant tout badigeonneur; il est badigeonneur en peinture, en musique, en poésie, tout aussi bien qu'en architecture. Il répare ou imite, il ne crée rien de durable. L'art n'est grand qu'avec la foi; et cependant les plus belles pages d'art que nous ayons sont des pages d'un doute poignant, leur mérite ne vient que de leur douleur et de leur aspiration vers un autre état.
( Dans le rapport à l'Interdisciplinarité scientifique ) : Nous en dirons autant du savant et de la science. Allez-voir les savants dans les réunions officielles, et cherchez quel est le lien commun de leurs esprits, vous ne trouverez point ce lien. Partout vous verrez que la science ne s'accorde pas avec elle-même. Après les explications les plus matérialistes, s'en présentent d'autres qui supposent l'intervention divine. Il y a plus; arrivés à une limite donnée, tous les prétendus savants s'arrêtent, et vous répondent: C'est un mystère ! le mieux est de ne pas aller plus loin. Mais, dans tous les cas, vous avez autant d'avis que de savants: tot capita, tot sensus. Constater des phénomènes, en accumuler une suite nombreuse, en faire sugir. de nouveaux sans s'inquiéter de la Loi générale, de la loi encyclopédique qui relie tous ces phénomènes et explique l'univers entier, telle est aujourd'hui la science, la science théorique.
Et qu'on _ne dise pas que nous tombons dans le même vice que les Montagnards, que nous tuons la Liberte. Non; ceux qui tuent la liberté, ce sont ceux qui font de l'homme une machine, de la société, un instrument à ressorts, une espèce de momement perpétuel qui une fois monté dans une direction, ne s'arrêterait plus. Non nous éliminons si peu cette Liberté, que c'est parce que nous savons que cette Liberté existe, cette Liberté, que nous voulons que les hommes soient plus plus parfaits dans leur conscience, afin que, librement et sans effort, l'ordre que nous présupposons naisse de leur propre fonds transformé. Nous ne croyons à un progrès social qu'après le progres de la conscience humaine elle-même. (Cf Concept d'INDIVIDUATION et concept de Responsabilité Collective : Simondon et Vers une Ethique Appliquée )
.3 - Sur la religion : lettre à un démocrate : Jean Terson
1°) La religion est un fait qui s'est produit dans tous les temps chez tous les peuples anciens et modernes, et.sous.toutes les·zônes. Nous n'examinerons pas aujourd'hui si ce fait s'est produit toujours de la même maniere, et si son influence fut bonne ou mauvaise, Il s'agit de savoir seulement s'il a existé, s'il existe un seul groupement d hommes un peu considérable, sans religion. ( ...)
2°) Mais la religion est plus qu'un fait, plus qu'un accident (universel), c'est encore un elément de la vie sociale; et cet élèment est au. moins aussi nécessaire que les éléments scientifiques, artistiques, et industriels (avec lesquels il se confond); sans parler des éléments politiqµe, commercial, économique, proprement dits. Bien plus, il est de l'essence de la religion ,du moins telle qµe nous l'entendons et la définirons plus tard, de coordonner, de relier, d'unifier, si l'on peut s'exprimer ainsi, les divers éléments de la vie sociale, afin de les harmoniser entre eux et avec les lois de notre planète, lesquelles à leur tour s'harmonisent avec celles de l'univers, remontant ainsi jusqu'à Dieu, principe et fin de toutes choses, l'alpha et l' omega de la VIE.
Mais la démocratie est plus qu'un moyen, elle est surtout une fin; elle est plus qu'une révolution , elle est encore une réorganisation. Les démocrates ne . sont pas seulcment des critiques de l'état social actuel· ils sont aussi, ils doivent être des réorganisateurs. Et c'est parce que nous devons être cela que nous ne saurons négliger la religion, qui joue un si grand role dans la famille, dans la. cité, dans l'Etat. Mais quoi! lorsque dans la patrie des Voltaire, des Jean-Jacques, et des Encyclopedistes, après les révolutions de 93 et de 1830, nous voyons la masse des Français ne pas savoir se passer des prêtres; quand ses. démocrates, ses républicains les plus radicaux, tiennent à faire bapllser, commumer, instruire même et marier leurs enfants par les prêtres; quand ils envoient leurs femmes et leurs domestiques à confesse, quand ils tiennent eux-mêmes à être ensevelis ecclésiastiquement; quand Napoléon a cru devoir transiger avec le clergé , et traiter de puissance à puissance avec la cour de Rome; quand vous voyez que la religion catholique redevient à la mode, et vous savez quelle est la puissance de la mode en France ? Vous voudriez passer sur la question religieuse : Non, la religieuse doit être traitée parallèlement avec les autres questions sociales, dont elle est pour ainsi dire le critériuma comme nous le démontrerons plus tard. ( ...)
Tous les grands législateurs religieux et politiques ont parfaitement compris cette vérité. Voyez Moïse, Lycurgue, Numa, César, le Christ, Mahomet, Charlemagne, Pierre-le-Grand, nos Législateurs républicains Napoléon; consultez les plans de réforme , de réorgamsation sociale des plus célèbres réformateurs anciens et modernes; _et vous connaîtrez qu'ils se sont tous occupés d'harmoniser l' enseignement (dans lequel ils ont toujours compris l'enseignement moral ou religieux) avec leurs projets de réforme sociale. t:t, ~our ne parler que de la religion, remarquez qu'ils l'ont respectée et acceptée telle qu'ils l'ont trouvée, lorsqu'elle ne contrariait pas leurs plans de réformes; mais qu'ils l'ont modifiée, lorsqu'elle ne se pretait pas à leurs vues : il sont tous consiédérs la religion et ses ministres comme un puissant moyen d'instruction et de moralisation.(...)
Amis du peuple, démontrons-lui qu'on peut être religieux sans hypocrisie, croyant sans blesser ni humilier la raison, moral sans se soumettre à des pratiques dont le moindre défaut est le ridicule. Prouvons au peuple, au nom même de l'Evangile du Christ, qu'on peut être agréable à Dieu sans faire -de longues et mystiqùes prières, encore moins faire ·prier ... en payant....
Indiquons aux prêtres comment, dans l'intérêt même de la religion, ils doivent modifier le dogme et le culte religieux dans le sens des progrès de la science et de la raison des masses·, et comment cette modification sera conforme non seulement à ce qu'a fait le Christ relativement à la loi de Moïse, mais encore à ce qu'il a prévu que l'Humanité inspirée de Dieu ferait un jour relativement à son Evangile. .Mais si les prêtres, ouhlient ou ignorant que l'esprit du véritable Christianisme est essentiellement progressif, persistaient à se draper dans leur immobilité, à la façon des bornes du statu quo politique.... nous indiquerions alors aux pères et aux mères de famille comment ils doivent se passer du ministère d'un clergé rétrograde, et comment ils peuvent devenir eux-mêmes les directeurs spirituels, les confesseurs, les véritables prêtres de leurs enfants. Nous donnerions, en un mot, les moyens d'avoir une religion sans prêtres, et il nous serait facile de prouver que cette religion ne serait pas la plus mauvaise. Ah! si les gouvernements savaient, Ou plutôt s'ils voulaient sincèrement que la lumière fût, comme elle se ferait facilement ! ( ...)
Ayons le courage de nos convictions, et disons enfin tout haut ce que nous pensons tout bas. Au reste, il ne s'agit plus aujourd'hui de critiquer la religion à la facon des Voltaire, encore moins de protester à la façon des Luther et' des Calvin. Cette critique et cette protestation ont été trop bien faites pour qu'il soit nécessaire de les refaire. Laissons aux philosophes proprement (ou improprement) dits le soin d'achever d' ecraser l'infàme. Pour nous, rétablissons la religion sur les bases granitiques de la vérité, de la charité, et de la fraternité , qui sont celles sur lesquelles le Christ entendit bâtir son Eglise. Entons tous les progrès, toutes les libertés et toutes les améliorations (morales et matérielles) sur l'arbre même du Christianisme; c'est le seul moyen de le vivifier incessamment et de le rendre impérissable.. Contraignons les prêtres à redevenir les instituteurs, les initiateurs de toute vérité' de toute justice et de toute liberté' ou ruinons le crédit qu'ils ont auprès des masses ignorantes en les éclairant.
. 4 - Poésie : la féodalité nouvelle - Edmond Tissier
La Révolution a fauché comme l'herbe
Les château crénelés et les tours de granit
Où l'autour féodal, au sol lourd et superbe,
Sur des débris humains avait bâti son nid.
Mais en vain les châteaux gisent sur les bruyères;
Leur ruine n'a pas enrichi les chaumières
Des rudes paysans que le travail brunit.
Tout aussi féodale, avec ses murs de brique,
L'usine élève au ciel ses longs tuyaux brûlants;
En place de guerriers, elle a des mécaniques
Dont les muscles d'acier vibrent étincelants :
Pacifiques géants, et pourtant pleins de rage!
Car, pour donner la vie au monstrueux rouage,
La vie humaine, hélas! coule en ruisseaux sanglants !
(...)
Si l'Humanité sainte, et que l'on crucifie
A tous les piloris de l'inégalité,
Dont le cœur sans amour s'use et se pétrifie
Au froid de l'égoïsme et de l'impiété;
Pareille au scorpion qu'enserre un mur de flamme,
Si l'Humanité, dis-je, était scellée, infâme
A l'infernal anneau de l'immobilité;
Il ne nous resterait, ô pâles prolétaires,
Que d'armer d'un couteau nos bras désespérés,
D'immoler devant tous nos enfants et leurs mères
Sur nos métiers sanglants par nos mains déchirés
Et, nous faisant au sein de profondes entailles,
De rejeter au ciel le sang de nos entrailles,
En criant : Honte à Dieu dans ses globes sacrés !
Témoignage du petit fils de Sitting Bull à propos du capitalisme ....juillet 2021 : https://www.facebook.com/yves.ladieu/videos/679296576215173
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Consultez Criaeau.org :
Etudes sur Pierre Leroux : De la Revue Sociale - Boussac : de septembre 1845 à juillet 1850
Etudes sur Pierre Leroux : De la Revue Sociale - Boussac : de septembre 1845 à juillet 1850